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<html>
<head>
<title>Réseaux</title>
</head>
<body>
<h1>Qu'est-ce qu'un réseau ?</h1>
<p>Vous trouverez ici expliqué ce qu'est un réseau, et comment les
ordinateurs communiquent entre eux. En un mot, ce qu'est Internet...
</p>
<div class="encadre">Ce cours résulte de la compilation d'articles
parus dans le <cite><a
href="&url.tuteurs;docs/hublot/">Hublot</a></cite> en 1999-2000.</div>
<h2>Des uns et des zéros</h2>
<p>
Les ordinateurs n'ont que deux doigts, contrairement aux humains. Ils
comptent et manipulent l'information uniquement sous la forme de 0 et
de 1 ; c'est le choix fondamental, l'information minimale, qui
s'exprime ainsi (vrai/faux, ouvert/fermé, oui/non, etc). Une telle
information est appelée un <em>bit</em>. Comme un bit ne contient pas
grand'chose, on groupe plusieurs bits pour qu'ils forment, ensemble,
une information plus complexe.
</p>
<p>
Huit bits ensemble forment un <em>octet</em>. Chaque bit a une place
particulière dans l'octet, ce qui permet de faire 256 combinaisons
(2<sup>8</sup>). Un octet est adapté pour coder un caractère
occidental (il y a suffisamment de place pour les 26 lettres, avec les
minuscules, les caractères accentués, les chiffres et quelques autres
signes typographiques).
</p>
<h3>Unités de mesure</h3>
<p>Les quantités de données traitables par les ordinateurs se
chiffrent désormais en millions et milliards d'octets. Les
informaticiens ont donc conçu des unités adaptées. Le
<em>kilo-octet</em> (<code>Ko</code>) comporte 1024 octets
(2<sup>10</sup>). (et non 1000 : 1000 est un nombre rond en base 10,
mais pas en base 2; en revanche, 1024 s'écrit 10000000000 en base 2).
</p>
<p>
Le <em>méga-octet</em> (<code>Mo</code>) est constitué de 1024 Ko
(plus d'un million de caractères), et le <em>giga-octet</em>
(<code>Go</code>) vaut 1024 Mo. On commence à parler de
<em>téra-octet</em> (<code>To</code>) mais c'est encore un peu trop
cher.
</p>
<p>
Une image plein écran « pèse » environ 1 Mo, voire plus si on veut une
grande palette de couleurs. Une simple disquette contient environ 1.44
Mo, et un CD-ROM 660 Mo. Un DVD-ROM pèse jusqu'à 17 Go (plus de 17
milliards de caractères). Pour donner une échelle de valeur, disons
que la Bible, correctement encodée, tient en 1 Mo (un peu moins d'une
disquette), et que l'<cite>Encyclopedia Universalis</cite>, avec
schémas, photos et quelques animations, rentre dans un CD-ROM.
</p>
<h2>Code Morse, multimédia et centre de tri</h2>
<p>
Stocker des informations est bel et bon ; mais il est tentant de
pouvoir en échanger, sans quoi la sclérose guette. On peut transporter
des disquettes, des CD-ROMs ou d'autres supports du même genre ;
c'est assez efficace en termes de débit (exercice : calculer la
quantité d'informations transportable dans une camionnette qui serait
pleine de CD-ROMs &mdash; c'est tout simplement colossal) ; mais
le temps de réponse est long, très long. Et puis, l'informaticien
n'aime pas se lever de sa chaise s'il n'y est pas poussé par une
nécessité impérieuse (aller prendre sa dose de Coca-Cola par exemple).
</p>
<p>
Donc, il s'agit de doter les ordinateurs de moyens de
communication. Pour coder des 0 et des 1, certains protocoles adaptés
sautent aux yeux : le code Morse par exemple. On transmet des «longs»
et des «brefs». Le seul problème est que le débit n'est pas très
satisfaisant : deux bons opérateurs peuvent s'échanger 3 bits par
seconde, et une visio-conférence (de mauvaise qualité) en exige au
moins 60 000. Même un téléphone portable, à la qualité de son
douteuse, doit échanger 9 600 bits par seconde.
</p>
<p>
Néanmoins l'analogie est riche. En effet, en regardant de plus près,
quand un message est envoyé en Morse par télégraphe, son texte est
précédé du nom du destinataire : au XIXe siècle, il n'y avait pas de
ligne directe de New-York à Los Angeles ; le message devait
passer par différents opérateurs qui recevaient le message et le
réexpédiaient immédiatement dans la bonne direction. Un message pour
San Francisco prenait au début le même chemin. Ce principe de message,
sautant de poste en poste, redirigé à chaque poste en fonction de sa
destination, est le fondement d'Internet. C'est ce qu'on appelle un
réseau par paquets, par opposition au téléphone, qui est un réseau par
circuits.
</p>
<h2>Le soleil a rendez-vous avec la lune</h2>
<p>
Il existe deux types de réseaux : les réseaux par paquets et les
réseaux par circuits. Le premier type est celui du Morse décrit dans
le numéro précédent : chaque information est un message qui transite
de centre de tri en centre de tri, suivant l'adresse du destinataire;
personne ne s'occupe de l'intégralité de la transmission, et tout
problème est par essence local.
</p>
<p>
Le deuxième type de réseau est celui du téléphone : un rendez-vous est
pris entre les deux parties, une communication physique est établie
jusqu'à ce que l'un des deux raccroche.
</p>
<p>
Ces deux types de réseaux ont des avantages et des inconvénients
opposés. Essentiellement :
</p>
<ul>
<li> Un réseau par circuits permet de garantir un débit, une fois la
connexion effectuée, alors que les paquets sont envoyés à la grâce
de Dieu.</li>
<li> Un réseau par circuits permet aussi de garantir un temps de
réponse, paramètre souvent encore plus important que le
débit. Quand on envoie un paquet, on ignore par où il va passer ou
même s'il va vraiment arriver à destination.</li>
<li> Un réseau par circuits doit être homogène : une fois la
connexion établie, le chemin doit se comporter à l'identique sur
toute sa longueur; sur un réseau par paquets, il est facile de
construire des passerelles entre des liens de caractéristiques
physiques différentes.</li>
<li> Un réseau par circuits gâche de la bande passante (débit maximal
de données);: quand deux personnes sont au téléphones mais ne
parlent pas, la ligne est occupée.</li>
<li> Un réseau par paquets est résistant aux pannes : en cas de
coupure d'un site, les paquets peuvent être détournés sur une
autre voie.</li>
<li> Un réseau par paquets ne garantit rien sur l'intégrité des
données : quand on envoie un message, on ne peut pas savoir
combien de temps il va mettre pour arriver, ni s'il arrivera un
jour, ou en un seul exemplaire; et s'il se perd, on n'est pas
forcément prévenu.</li>
</ul>
<p>
Actuellement, France Telecom utilise des réseaux par paquets pour
toutes les communications nationales. En effet, les possibilités de
réutilisation de la bande passante et de résistance aux pannes sont
très appréciables; les caractéristiques habituelles en téléphonie
(conversation continue, pas de perte de son) sont assurées par des
protocoles de plus haut niveau, qui tentent de rétablir des garanties
de débit, de corriger les erreurs, enfin bref de faire au mieux. C'est
une émulation de réseau par circuits, par dessus un réseau par paquets
(et, bizarrement, ça marche).
</p>
<p class="centre"><img src="&url.tuteurs;docs/hublot/hublot03/paquets.png"
alt="[Schéma du réseau]" /><br /> Figure 1 : Réseau par paquets
reliant A à B</p>
<h2>Le fil qui chante</h2>
<p class="centre"><img src="&url.tuteurs;docs/hublot/hublot04/reseau1.png"
alt="[Schéma]" /><br /> Figure 2 : Réseau ethernet par câble
coaxial</p>
<h3>Coder les 1 et les 0</h3>
<p>
Pour connecter deux ordinateurs, il faut tout d'abord pouvoir
représenter les 0 et les 1 sur un médium adapté. Actuellement, on
utilise principalement les méthodes suivantes :
</p>
<ul>
<li> Modulation de fréquence : les 0 et les 1 sont codés par des sons
de fréquences différentes (un aigu, un grave); la théorie montre
que c'est une méthode qui résiste bien au bruit. C'est ce qu'on
utilise sur les lignes téléphoniques, avec un modem*. On peut
transmettre quelques centaines de milliers de bits par seconde
ainsi; les modems sont limités à 56 000 bits par seconde pour
d'autres raisons.</li>
<li> Encodage RLL : un 0 est codé par un changement de polarité, un 1
par deux changements. On trouve cette méthode sur les réseaux à
haut débit (chaque bit contient au moins un changement de
polarité, ce qui permet de conserver la synchronisation entre
l'émetteur et le récepteur, même lors d'une longue plage de 0). On
peut monter à 100 millions de bits par seconde ainsi; on trouve
cette méthode dans les réseaux locaux de type ethernet.</li>
<li> Optique : les liens à très haut débit sont réalisés par fibre
optique ou laser; les 0 et les 1 sont alors codés en RLL ou avec
une méthode analogue. Pour des raisons de coût, seuls certains
sites font usage de moyens optiques, et pour certaines liaisons
seulement (l'université d'Évry utilise un laser pour relier deux
immeubles éloignés de 800 mètres l'un de l'autre).</li>
</ul>
<p>
Le bruit est ce qui s'oppose au signal ; par exemple, le cours du prof
c'est le signal, les élèves qui chuchotent c'est le bruit. Au
téléphone, le signal c'est la conversation, tandis que le bruit c'est
la friture.
</p>
<h3>Exemples de réseaux</h3>
<p>
Le cas d'un modem ne pose pas de problème, car c'est une communication
point à point sur une ligne réservée (aucun encombrement). En
revanche, dans un réseau local, on veut connecter plusieurs machines,
éventuellement beaucoup, et on ne désire pas tendre un câble pour
chaque paire de machines. L'idée est donc de se partager un conducteur
commun, ce qu'on appelle d'habitude un bus. Ensuite, il faut décider
comment partager ce bus entre les différents ordinateurs connectés
dessus.
</p>
<p>
En <i lang="en">token-ring</i>, un jeton (<i lang="en">token</i>) est
transmis de station à station ; c'est le droit de parole. Chaque
station ne peut conserver le jeton que pendant un temps maximal donné,
mais peut le relâcher immédiatement si elle n'a rien à dire.
</p>
<h3>Réseau Ethernet</h3>
<p>
En ethernet, la méthode est plus simple qu'en <i
lang="en">token-ring</i> : quand une station veut émettre un message,
elle espionne le bus jusqu'au moment où il se libère (plus personne ne
parle pendant un très court instant); elle prend alors la parole,
d'autorité. Ce faisant, elle continue d'espionner le bus, pour voir si
la communication passe bien; si elle est brouillée, c'est qu'une autre
station a eu la même idée en même temps. Dans ce cas, la station (et
l'autre aussi, car elle est également brouillée) s'arrête, attend un
temps aléatoire, et recommence. Avec une bonne probabilité, l'autre
station a attendu un temps aléatoire différent, et les deux messages
partent sans brouillage. Après un certain nombre d'essais infructueux,
avec des délais de plus en plus grands, le message est considéré comme
n'ayant pas pu passer, c'est ce qu'on appelle une collision.
</p>
<p>
Bizarrement, l'ethernet est très efficace, et partage très
correctement la bande passante, même quand le bus est chargé. Il a
l'avantage d'être très décentralisé : aucune station n'a besoin de
savoir qui, au juste, est présent sur le bus, et une station éteinte
n'empêche pas la communication. Son défaut principal est l'absence de
garantie de débit, chaque station se contentant de faire au mieux, au
lieu de faire bien.
</p>
<p>
L'ethernet se pratiquait sur des câbles coaxiaux (façon câble
d'antenne de télévision), passant par toutes les stations et terminés
aux deux bouts par des résistances, avec une longueur maximale de 185
mètres (ou 550 mètres si on emploie du gros câble blindé,
traditionnellement jaune). Cette méthode a l'inconvénient
d'occasionner une coupure du câble quand on rajoute une nouvelle
prise; et il n'est pas toujours facile de faire passer le même câble
par toutes les stations, suivant leur disposition.
</p>
<p>
Maintenant, on établit des structures arborescentes : chaque station
est reliée, par un câble personnel, à un hub, une sorte de multiprise
amplifiée. Les hubs sont reliés entre eux via des câbles similaires ;
chaque hub reproduit sur toutes les autres prises ce qu'il reçoit sur
chacune d'elles. On peut brancher une nouvelle machine sans perturber
le fonctionnement, et on peut plus facilement relier des machines
distantes.
</p>
<p class="centre"><img
src="&url.tuteurs;docs/hublot/hublot04/reseau2.png" alt="[Schéma]" />
Figure 3 : Réseau ethernet arborescent (RJ45)</p>
<h2>Internet dans tout ça</h2>
<p>
On a vu, dans la section précédente, comment relier ensemble deux
stations pour qu'elles puissent s'échanger des données, pas forcément
de façon fiable, et sans garantie de débit. Ces méthodes sont locales,
et il convenait de passer à un réseau global. Ceci a été effectué
grâce au réseau Internet, dérivé de l'Arpanet au cours des années 1970
(Arpanet était le réseau des militaires américains).
</p>
<p>
Le principe est le suivant : quand une station veut envoyer un message
à une consoeur, elle commence par examiner ses branchements, pour voir
si la destinatrice ne serait pas, par hasard, accessible
directement. Dans ce cas, elle lui envoie le message par le moyen
physique présent. Dans le cas contraire, elle envoie le message à une
station dont elle sait qu'elle est plus qualifiée qu'elle pour
résoudre ce problème. La station qualifiée est nommée routeur, ou
aussi passerelle.
</p>
<p>
Pour savoir qui est contactable et comment, chaque station est munie
d'une adresse de 4 octets (chaque octet contenant un nombre entre 0 et
255). Ainsi, la station galion, en salle S, est dotée de l'adresse
<code>129.199.129.10</code>. Ces adresses sont mondiales, et toutes
les adresses commençant par <code>129.199</code> sont réservées à
l'ENS.
</p>
<h3>Un exemple à l'École</h3>
<p>
Prenons l'exemple de galion, tentant d'envoyer un message (sous la
forme d'un paquet IP, comme Internet Protocol) à aviso, en
Infirmatique.
</p>
<p>
galion, d'adresse <code>129.199.129.10</code>, sait qu'elle est reliée
directement à toutes les stations dont l'adresse commence par
<code>129.199.129</code>. Or, aviso a l'adresse
<code>129.199.128.1</code> ; galion, constatant cela, décide de
transmettre le paquet à sa passerelle, à savoir clipper
(<code>129.199.129.1</code>, contactable par un lien ethernet direct
depuis galion). Puis galion se lave les mains de ce qui se passe
ensuite, ce n'est plus son affaire.
</p>
<p>
clipper ne peut pas non plus contacter aviso directement, mais il peut
parler sur un deuxième lien depuis son deuxième visage, clipper-gw
(<code>129.199.1.22</code>). Sur ce lien, il peut contacter finn
(<code>129.199.1.128</code>), qui est responsable des adresses en
<code>129.199.128.</code> clipper transmet donc le paquet à finn, et
se désintéresse lui aussi de la question.
</p>
<p>
finn possède aussi deux visages, le second étant finn128
(<code>129.199.128.254</code>), relié directement aux stations de
l'Infirmatique. finn peut donc communiquer directement avec aviso, et
lui envoie le paquet.
</p>
<h3>Routeurs et réseau</h3>
<p>
Donc, pour que tout se passe bien, il suffit que chaque station sache
reconnaître les adresses contactables directement, et une passerelle
pour les autres cas. Les routeurs, eux, doivent avoir une notion
locale de la hiérarchie (clipper doit connaître finn, mais ce que finn
doit faire pour contacter aviso ne le regarde pas).
</p>
<p>
Il est même possible de reconstruire ces informations à la volée :
clipper peut tout envoyer sur la machine par défaut (renater), qui lui
signalera à chaque fois qu'il existe une route plus directe ne passant
pas par lui; clipper s'en rappellera pendant quelques minutes. Ce
mécanisme, dit de routage dynamique, est un peu délicat à mettre en
place, aussi on s'en sert avec parcimonie (il est aisé d'obtenir, à la
suite d'un malentendu, une partie de ping-pong, où deux stations
considèrent, pour un paquet donné, que l'autre station est la
passerelle à utiliser).
</p>
<p>
Et voilà, ceci est Internet : des stations qui s'échangent des paquets
(d'une taille maximale de 65.536 octets, mais souvent plus petits, de
l'ordre de 1.500 octets). Normalement, un paquet n'a pas à effectuer
plus de 30 sauts pour faire le trajet d'une station à une autre. Les
paquets peuvent être fractionnés et recombinés au gré des routeurs,
afin de s'adapter aux spécificités locales de la liaison.
</p>
<p>
Le chemin entre deux stations n'est pas forcément unique ; ceci permet
une tolérance aux pannes ou une adaptation aux
embouteillages. Notamment, les communications à grande échelle sont
alors résistantes aux attaques nucléaires (c'est ce qui plaisait aux
militaires américains). Une conséquence de ce fait est que deux
paquets successifs ne suivent pas forcément le même chemin; ils
peuvent notamment arriver dans le désordre, et certains peuvent être
dupliqués (quand une passerelle cherche à savoir, via un protocole
approprié, si un paquet est arrivé, et, ne voyant rien venir, en émet
un autre, alors que le premier était simplement parti par un chemin
détourné).
</p>
<p class="centre"><img
src="&url.tuteurs;docs/hublot/hublot05/reseau-ens.png" alt="[Une
partie du routage à l'ENS]" /><br /> Figure 4 : Une partie du routage
à l'ENS</p>
<h2>Le plombier et le facteur</h2>
<p>
Nous voilà en position d'envoyer des paquets à travers le monde. Mais
avec une fiabilité douteuse. On a principalement deux problèmes :
</p>
<ul>
<li> On voudrait qu'une même station puisse tenir plusieurs
conversations à la fois, sur des sujets différents. On a donc
inventé des sous-adresses, des boîtes aux lettres différenciées,
qu'on appelle les ports. Un port est un numéro entre 0 et 65 535;
la plupart des services ont un port canonique (25 pour le courrier
électronique, 80 pour le Web, etc) ;</li>
<li> On voudrait un protocole permettant d'assurer l'intégrité des
données (remise dans l'ordre, accusés de réception et ré-émission
des paquets perdus, contrôle de flux), si possible intégré dans le
système d'exploitation, pour que les applications puissent s'en
servir sans se prendre la tête.</li>
</ul>
<p>Deux protocoles ont donc été créés (un protocole est aux données ce
que le langage est à une conversation : c'est le « règlement »). Le
premier, <strong>UDP</strong> (<i lang="en">User Datagram
Protocol</i>) est une surcouche triviale (couche supplémentaire
reproduisant la structure sous-jacente) d'IP : on envoie des paquets,
sans garantie, d'une taille maximale de 8 192 octets (pour les
données; il y a aussi un entête donnant entre autres l'adresse et le
port de destination).
</p>
<p>
<strong>TCP</strong> (<i lang="en">Transmission Control Protocol</i>)
est une mécanique complexe qui assure une sémantique de connexion: un
tuyau bidirectionnel, fiable, au flux contrôlé afin de ne pas
provoquer d'embouteillage, est établi entre deux stations, sur un
certain port.
</p>
<p>
TCP est le plus utilisé. UDP est utilisé pour certains protocoles où
l'ordre d'arrivée des données n'est pas important, ou quand les
données sont rapidement obsolètes. Par exemple, dans le cas de NFS
(partage de disques par réseau), l'ordre des requêtes n'est pas
primordial; quand on fait du téléphone par Internet, si un paquet se
perd, autant l'oublier: sa doublure arriverait trop tard pour
s'intégrer dans le flux sonore.
</p>
<h3>Les applications</h3>
<p>
La face visible d'Internet est formée par les applications. Nous
allons en détailler quelques unes.
</p>
<h4>DNS (<i lang="en">Domain Name Server</i>)</h4>
<p>
Cette application est chargée de faire la correspondance entre les
adresses numériques, et les noms de stations, noms qui sont destinés
aux humains. Ainsi, c'est le système des DNS qui permet à toute
station dans le monde de savoir que <code>clipper.ens.fr</code> répond
à l'adresse <code>129.199.129.1</code>. Chaque site doit disposer d'un
DNS, connaissant les machines locales, et pouvant interroger les
autres DNS. Les DNS communiquent par paquets UDP sur le port 53.
</p>
<h4>SMTP (<i lang="en">Simple Mail Transfer Protocol</i>)</h4>
<p>
Par connexion TCP sur le port 25, ce protocole permet d'échanger des
courriers électroniques. De façon similaire au transport des paquets
IP, un courrier peut effectuer quelques sauts (à chaque fois sous la
forme d'une connexion TCP) entre serveurs de mails avant d'arriver à
destination. Par exemple, à l'ENS, tout courrier sortant passe par
<code>nef.ens.fr</code>.
</p>
<h4>FTP (<i lang="en">File Transfer Protocol</i>)</h4>
<p>
Ce protocole de transfert de fichiers utilise deux connexions TCP, sur
les ports 20 et 21 (celle sur le port 20 sert aux données, celle sur
le port 21 transporte les commandes).
</p>
<h4>NFS (<i lang="en">Network File System</i>)</h4>
<p>
Créé par Sun Microsystems, ce protocole de partage de disques permet,
à l'ENS, de pouvoir manipuler ses fichiers quelle que soit la station
qu'on utilise. Alors qu'il est souvent décrié, ses versions modernes
sont fort acceptables, pourvu que le réseau sous-jacent soit
rapide. Il utilise des paquets UDP, sur le port 2049.
</p>
<h4>HTTP (<i lang="en">HyperText Transfer Protocol</i>)</h4>
<p>
C'est le coeur du World Wide Web, qui n'est qu'une application
d'Internet, récente de surcroît (1990). Par connexion TCP sur le port
80 du serveur Web, le client obtient le contenu d'une page
(normalement en langage HTML) et divers autres types de fichiers
(notamment les images). Une adresse Web (URL) commence par le mot-clé
http, indiquant le protocole utilisé, puis contient le nom du serveur
Web, puis enfin le nom du fichier (avec éventuellement des répertoires
et des sous-répertoires) sur ce serveur.
</p>
<p class="centre"><img
src="&url.tuteurs;docs/hublot/hublot06/reseau.png"
alt="[Fonctionnement du Web]" /><br /> Figure 5 : Consultation de
<code>http://www.ens.fr/index.html</code></p>
<h2>Intervention divine</h2>
<p>
Bizarrement, tout cet édifice aux proportions bibliques fonctionne la
plupart du temps. Néanmoins, quand une rupture générale de la Force
arrive, on peut se retrouver avec beaucoup de problèmes, tous
différents. Voici quelques spécimens:
</p>
<h3>Ping-pong</h3>
<p>
Deux routeurs se renvoient des paquets, chacun ayant décidé que Le Bon
Chemin passe par l'autre. Cela se diagnostique avec la commande Unix
<code>traceroute</code>. Solution : maudire <a
href="http://www.renater.fr/">Renater</a> (le fournisseur d'accès
Internet de l'ENS, grand spécialiste du tennis de table) et attendre
que les routeurs oublient d'être stupides.
</p>
<h3>Panne des DNS</h3>
<p>
Les DNS forment une structure hiérarchique qui a tendance à s'écrouler
d'un coup. Dans ces conditions, tout semble figé, sauf si on utilise
directement les adresses numériques; mais il est difficile de retenir
par coeur 4 milliards d'adresses... Le diagnostic : la commande
<code>host</code> sur un hôte connu (<code>www.google.com</code> par
exemple) bloque et ne répond pas.
</p>
<h3>Plantage du serveur NFS</h3>
<p>
Votre station est bloquée, des messages « <i lang="en">NFS server not
responding, still trying</i> » apparaissent. C'est typique du serveur
NFS (celui qui possède, physiquement, les disques partagés) qui a pris
des vacances. Il faut attendre le reboot du serveur. NFS étant bien
fait, cela débloquera les machines sans conséquence funeste pour les
opérations en cours.
</p>
<h3>Plantage du serveur NIS</h3>
<p>
NIS, alias les Pages Jaunes, est le protocole permettant de partager
les mots de passe entre les stations. Pour l'utilisateur final, les
conséquences sont semblables à un plantage NFS : il faut attendre le
retour du serveur NIS. Une fois qu'il est revenu, tout remarche, rien
n'a été perdu.
</p>
<h3>Embouteillage</h3>
<p>
Une partie du réseau est à genoux. La plupart des paquets s'égarent,
tout va lentement, c'est horrible. Pas de solution, sinon espérer que
de nouvelles lignes seront bientôt mises en place, pester contre ces
milliers de crétins qui ne pensent qu'à récupérer les dernières photos
de Pamela Anderson, et revenir se connecter à une heure plus adaptée
(pour les États-Unis, la bonne heure est 6 heures du matin : les
Américains sont couchés, les Européens pas encore levés).
</p>
<p>
Il existe beaucoup d'autres pannes possibles, plus ésotériques. Elles
sont la cause de certaines de ces discussions d'informaticiens que
personne ne comprend, mais qui semblent les amuser follement.
</p>
<h2>En savoir plus</h2>
<p>
Le cours d'Architecture et Systèmes comprend une partie animée par
Jacques Beigbeder, qui décrit, entre autres, le fonctionnement du
réseau.
</p>
<p>
Les gens motivés se référeront aux RFC (<i lang="en">Request For
Comments</i>). Ce sont les documents de référence ; on les trouve là :
<a href="http://www.ietf.org/rfc.html">http://www.ietf.org/rfc.html</a>
</p>
<p>
Le protocole IP est décrit dans la <a
href="http://www.faqs.org/rfcs/rfc791.html">RFC 791</a>.
</p>
<div class="metainformation">Auteur : Thomas Pornin. <date value="from git" /></div>
</body>
2003-09-25 10:49:28 +02:00
</html>