<?xml version="1.0" encoding="ISO-8859-1"?> <!DOCTYPE html PUBLIC "-//ENS/Tuteurs//DTD TML 1//EN" "tuteurs://DTD/tml.dtd"> <html> <head> <title>Shell</title> </head> <body> <h1>Le shell</h1> <h2><a name="presentation">Présentation</a></h2> <p> Le mot <em>shell</em> signifie « coquille » en anglais. Il s'agit du programme que vous utilisez régulièrement à l'ENS, et qui interprète les commandes. Par exemple, vous y tapez <code>pine</code> ou <code>mutt</code>, <code>forum</code>, <code>cc</code>, <code>mozilla</code>, etc. </p> <p> Mais quel rapport avec une coquille ? Eh bien, dans une coquille vous pouvez mettre de l'eau, pour la porter ensuite à votre bouche ; vous pouvez y mettre du sable avant de le verser dans des bocaux ; en somme, une coquille est un récipient qui permet de manipuler toutes sortes de contenus. Il en va de même du shell. C'est un outil en mode texte qui permet l'exploitation d'un grand nombre de ressources de l'ordinateur. </p> <p> Cette page vous donnera les rudiments pour exploiter les deux principales fonctionnalités du shell : </p> <ul> <li> l'usage interactif, reposant sur les <strong>lignes de commandes</strong> ;</li> <li> la conception de <strong>scripts</strong> (programmes écrits en shell). </li> </ul> <h3><a name="etats">Les deux états du shell</a> </h3> <p> Le shell, comme le normalien, ne connaît que deux états : </p> <ul> <li> le travail ;</li> <li> l'inactivité.</li> </ul> <p> Le shell, une fois lancé, est inactif : il attend qu'on lui donne des ordres. Quand on lui en donne un, il l'exécute ; et quand il a terminé, il retourne à son état d'inactivité, en attente d'un nouveau commandement. </p> <p> Quand le shell est inactif, il affiche une <em>invite</em> (<em>prompt</em> en anglais), qui ressemble à cela : </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span></pre> <p> Un curseur, parfois clignotant, indique que le shell attend que vous lui tapiez des instructions. </p> <h3><a name="path">Comment le shell trouve-t-il les commandes ?</a> </h3> <p> J'ai l'habitude de taper des commandes dans le shell, et je vois qu'il réagit. Mais comment comprend-il ce que je veux faire ? </p> <p> Prenons un cas simple. Je tape la commande <code>bonjour</code> à l'invite (<em>prompt</em>) du shell. Il va chercher à plusieurs endroits ce que j'entends par là : </p> <ol> <li> d'abord, il va se demander si <code>bonjour</code> n'est pas une de ses commandes intégrées ; si c'est le cas, il l'exécute directement, sinon il passe à l'étape suivante ;</li> <li> ensuite, il va lire le contenu d'une variable, qui s'appelle <code>PATH</code>, et qui indique le « chemin » où trouver les commandes que l'on appelle. Par exemple, si la variable PATH contient les répertoires : <ul> <li> <code>/usr/bin</code> </li> <li> <code>/bin</code> et </li> <li> <code>/home/toto/bin</code>,</li> </ul> alors le shell va chercher successivement les commandes : <ul> <li> <code>/usr/bin/bonjour</code>,</li> <li> <code>/bin/bonjour</code> et </li> <li> <code>/home/toto/bin/bonjour</code> ;</li> </ul></li> <li> enfin, s'il ne trouve la commande dans aucun des répertoires référencés par le <code>PATH</code>, il va renvoyer un message d'erreur en disant que désolé, il ne voit pas ce que l'on entend par <code>bonjour</code>. Exemple : <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> bonjour bonjour: Command not found</pre> </li> </ol> <p> La <a href="#variables">variable</a> <code>PATH</code> consiste en une liste de répertoires séparés par des « <code>:</code> ». Si vous voulez voir à quoi ressemble votre PATH, tapez : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo $PATH</pre> <h3><a name="builtins">Commandes internes</a></h3> <p> Certaines commandes du shell ne sont pas des programmes mais des commandes <em>internes</em> (<em>builtins functions</em>). Comme nous l'avons vu, elles sont directement reconnues et exécutées par le shell. Un exemple de commande interne est <code>cd</code> ; elle modifie le répertoire courant du shell. </p> <div class="attention"> <p> Attention : si vous créez un script (c'est-à-dire un programme écrit en langage shell) qui utilise <code>cd</code>, il ne modifie pas le répertoire courant du shell qui lance ce script, mais celui d'un shell qui est créé à l'occasion de l'exécution de ce script, et qui meurt à la fin de cette exécution.</p> <p> Exemple : je crée un script <code>aller</code> qui contient les lignes suivantes : </p> <pre> #! /bin/sh cd $*</pre> <p> Nous aurons alors : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> aller toto <span class="prompt">chaland ~ $</span> cd toto <span class="prompt">chaland ~/toto $</span></pre> </div> <h3><a name="prog">Quels programmes utilisent le langage du shell ?</a></h3> <p> La répétition de commandes complexes en ligne de commande du shell est rapidement fastidieuse ; aussi est-il très pratique de connaître les bases de la programmation de scripts shell. Les scripts servent à automatiser ou systématiser des tâches. </p> <p> Il existe un script spécial, qui est exécuté au moment où on se connecte. Ce script est contenu dans le fichier <code>$HOME/.profile</code>. C'est ce fichier qui vous dit s'il y a de nouveaux messages dans forum, si vous avez du courrier, etc. </p> <p> Ce fichier est normalement mis à jour automatiquement par les scripts de la config conscrits. Il est néanmoins possible de le modifier pour changer des options. </p> <p> Il existe encore le script <code>.xinitrc</code>, qui lance X ; X est le gestionnaire de fenêtres classique sous Unix. </p> <p> Le nombre de scripts possibles est illimité ; vous pouvez en créer autant que vous voulez, selon vos besoins : c'est ainsi que l'on personnalise son système et qu'on l'adapte à ses exigences, plutôt que l'inverse. </p> <h2><a name="ligne">La ligne de commande</a></h2> <h3><a name="raccourcis">Raccourcis pour les noms de fichiers : les jokers</a></h3> <p> Il est parfois ennuyeux d'avoir à taper un nom complet de fichier comme <code>nabuchodonosor</code>. Il est encore plus ennuyeux d'avoir à taper une liste de fichier pour les donner en arguments à une commande, comme : </p> <pre>cc -o foo bar.c gee.c buz.c gog.c</pre> <p> Pour éviter ces problèmes, on peut utiliser des <em>jokers</em> (<em>wildcards</em> en anglais). </p> <h4>L'étoile : *</h4> <p> Une <strong>étoile</strong> <code>*</code> dans un nom de fichier est interprétée par le shell comme « n'importe quelle séquence de caractères » (mais ça ignore les fichiers dont le nom commence par un point). Exemple : </p> <pre>cc -o foo *.c</pre> <p> Pour interpréter l'étoile, le shell va faire la liste de tous les noms de fichiers du répertoire courant qui ne commencent pas par <code>.</code> et qui finissent par <code>.c</code>. Ensuite, il remplace <code>*.c</code> par cette liste (triée par ordre alphabétique) dans la ligne de commande, et exécute le résultat, c'est-à-dire par exemple : </p> <pre>cc -o foo bar.c buz.c foo.c gee.c gog.c</pre> <h4>Le point d'interrogation : ?</h4> <p> On a aussi le <strong>point d'interrogation</strong> <code>?</code>, qui remplace un (et exactement un) caractère quelconque (sauf un point en début de nom). Par exemple, <code>ls *.?</code> liste tous les dont l'extension ne comporte qu'un caractère (<code>.c</code>, <code>.h</code>...). </p> <h4>Les crochets : []</h4> <p> La forme <code>[abcd]</code> remplace un caractère quelconque parmi <code>a</code>, <code>b</code>, <code>c</code>, <code>d</code>. Enfin, <code>[^abcd]</code> remplace un caractère quelconque qui ne se trouve pas parmi <code>a</code>, <code>b</code>, <code>c</code>, <code>d</code>. </p> <h4>Exemple</h4> <pre>echo /users/*</pre> <p class="continue"> affiche à peu près la même chose que </p> <pre>ls /users</pre> <p class="continue"> (La commande <code>echo</code> se contente d'afficher ses arguments.) </p> <p> &icone.attention; Attention : </p> <ul> <li>C'est le shell qui fait le remplacement des arguments contenant un joker. On ne peut donc pas faire <code>mv *.c *.bak</code>, car le shell va passer à <code>mv</code> les arguments <code>foo.c bar.c foo.bak bar.bak</code>, et <code>mv</code> ne sait pas quel fichier remplacer. </li> <li>Attention aux espaces. Si vous tapez <code>rm * ~</code>, le shell remplace l'étoile par la liste des fichiers présents, et ils seront tous effacés. Si vous tapez <code>rm *~</code>, seuls les fichiers dont le nom finit par un tilde seront effacés. </li> </ul> <p> Interlude: comment effacer un fichier nommé <code>?*</code> ? On ne peut pas taper <code>rm ?*</code> car le shell remplace <code>?*</code> par la liste de tous les fichiers du répertoire courant. On peut taper <code>rm -i *</code> qui supprime tous les fichiers, mais en demandant confirmation à chaque fichier. On répond <code>n</code> à toutes les questions sauf <code>rm: remove ?*</code>. Autre méthode: utiliser les mécanismes de quotation. </p> <h3><a name="quotation">Quotation</a></h3> <p> Avec tous ces caractères spéciaux, comment faire pour passer des arguments bizarres à une commande ? Par exemple, comment faire afficher un point d'interrogation suivi d'une étoile et d'un dollar par <code>echo</code> ? Le shell fournit des mécanismes pour ce faire. Ce sont les <em>quotations</em>. </p> <h4>Le backslash (<code>\</code>)</h4> <p> Il suffit de précéder un caractère spécial d'un backslash, et le shell remplace ces deux caractères par le caractère spécial seul. Évidemment, le backslash est lui-même un caractère spécial. </p> <p> Exemples : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo \?\*\$ ?*$ <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo \\\?\\\*\\\$ \?\*\$</pre> <h4>Les apostrophes ou simples quotes (<code>'</code>)</h4> <p> Un autre moyen est d'inclure une chaîne de caractères entre apostrophes (simples quotes) <code>'</code>. Tout ce qui se trouve entre deux apostrophes sera passé tel quel par le shell à la commande. Exemple : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo '$?*' $?*</pre> <h4>Les guillemets doubles ou doubles quotes (<code>"</code>)</h4> <p> Les guillemets se comportent comme les apostrophes, à une exception près: les dollars et les backslashes sont interprétés entre les guillemets. Exemple : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo "$HOME/*" /users/87/maths/doligez/*</pre> <p> Une technique utile: Quand on juxtapose deux chaînes de caractères quotées, le shell les concatène, et elles ne forment qu'un argument. Exemple : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo "'"'"' '"</pre> <p> Quant aux interactions plus compliquées (backslashes à l'intérieur des guillemets, guillemets à l'intérieur des apostrophes, etc.), le meilleur moyen de savoir si ça donne bien le résultat attendu est d'essayer. La commande <code>echo</code> est bien utile dans ce cas. </p> <h4>Les backquotes (<code>`</code>)</h4> <p> Dernière forme de quotation: <code>`<em>commande</em>`</code>. Le shell exécute la <em>commande</em> indiquée entre backquotes, lit la sortie de la commande mot par mot, et remplace <code>`</code> <em>commande</em> <code>`</code> par la liste de ces mots. Exemple : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo `ls` Mail News bin foo lib misc mur notes.aux notes.dvi notes.log notes.tex planar text <span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l `which emacs` -rwxr-xr-t 1 root taff 978944 Jul 16 1991 /usr/local/bin/emacs</pre> <p> La commande <code>which <em>cmd</em></code> employée ci-dessus affiche sur sa sortie le nom absolu du fichier exécuté par le shell quand on lance la commande it <em>cmd</em> : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> which emacs /usr/local/bin/emacs</pre> <h3><a name="redirections">Entrée, sortie et redirection</a></h3> <h4>Entrée et sortie</h4> <p> Un programme consiste à traiter des données, et à renvoyer des données transformées : il transforme des informations, et c'est pourquoi l'on parle d'<em>informatique</em>.</p> <p> Prenons le programme <code>hachoir</code>, par exemple : on y fait entrer des choses, elles sortent sous une autre forme, et dans l'intervalle, elles subissent des transformations régulières. Par exemple, on fait entrer une vache, il en ressort du steak haché ; on y fait entrer des carottes, il en ressort des carottes rapées. </p> <p> Deux concepts permettent de modéliser cette transformation d'informations : les concepts d'entrée et de sortie. L'<strong>entrée</strong>, c'est la vache ou les carottes ; la <strong>sortie</strong>, c'est le steak haché ou les carottes rapées. </p> <h4>Sortie standard et sortie d'erreur</h4> <p> Mais cette première distinction entre entrée et sortie ne suffit pas, car la sortie d'un programme, c'est-à-dire les messages qu'il renvoie, sont de deux ordres : il y a les <em>messages normaux</em> relevant de la transformation d'informations (par exemple le steak haché ou les carottes rapées), mais il y a aussi des <em>messages d'erreur</em>.</p> <p> Par exemple, si vous mettez, sur le tapis roulant qui mène au hachoir, un objet trop gros pour y rentrer, le hachoir, s'il est bien conçu, devra vous prévenir qu'il n'arrive pas à hacher un objet si gros. Et ce message, quoiqu'il sorte aussi bien du hachoir que le steak haché, ne doit pas être traité de la même façon à sa sortie, et n'est pas suivi des mêmes conséquences. C'est pourquoi l'on distingue la <strong>sortie standard</strong> et la <strong>sortie d'erreur</strong>. </p> <p> Pour résumer, chaque commande a donc :</p> <ul> <li> une <em>entrée standard</em>, </li> <li> une <em>sortie standard</em> et </li> <li> une <em>sortie d'erreur</em>.</li> </ul> <h4>Comportement par défaut</h4> <p> Par défaut, l'entrée standard est le clavier, la sortie standard est l'écran, et la sortie d'erreur est aussi l'écran.</p> <p> C'est sur le clavier que vous tapez ; ce que vous tapez et ce que renvoient les programmes s'inscrit à l'écran ; les messages d'erreur renvoyés par les programmes s'affichent à l'écran. </p> <h4>Les redirections</h4> <p> Mais il ne s'agit là que du comportement par défaut, et pas d'un comportement obligatoire. Vous pouvez tout à fait orienter différemment vos programmes.</p> <p> Par exemple, si vous donnez une vache comme entrée au hachoir, vous pouvez orienter la sortie vers une imprimante (au lieu de l'écran, proposé par défaut), et vous imprimerez ainsi du steak haché. </p> <p> Ou encore, vous pouvez donner un plant de carottes comme entrée au programme <code>cueillette</code>, et envoyer la sortie (c'est-à-dire les carottes cueillies) au programme <code>hachoir</code>. </p> <h4>Rediriger la sortie dans un fichier : <code>></code></h4> <p> On peut <em> rediriger</em> la sortie standard d'une commande vers un fichier (caractère « <code>></code> »). Le résultat de la commande sera placé dans le fichier au lieu de s'afficher sur l'écran. Exemple : </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l > foo</pre> <p> Le résultat de <code>ls -l</code> ne s'affiche pas à l'écran, mais il est placé dans le fichier <code>foo</code>. On peut alors taper </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> less foo</pre> <p class="continue"> (ou <code>more foo</code>) pour lire le fichier page par page. </p> <h4>Ajouter la sortie à un fichier : <code>>></code></h4> <p> On veut parfois ajouter la sortie d'un programme à un fichier, sans effacer ce qui précède. Or, par défaut, si l'on tape plusieurs fois </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l > foo</pre> <p class="continue"> à chaque fois, le contenu antérieur du fichier <code>foo</code> est écrasé par le contenu ultérieur. </p> <p> Pour éviter cela, il existe l'outil de redirection >>. Ainsi, si vous tapez plusieurs fois </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l >> foo</pre> <p class="continue"> le fichier <code>foo</code> contiendra <em>à la suite</em> tout ce que vous a renvoyé la commande. </p> <h4>Rediriger l'entrée : <code><</code></h4> <p> On peut aussi rediriger l'entrée standard d'une commande (caractère « <code><</code> »). La commande lira alors le fichier au lieu du clavier. Exemple : </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> elm leroy < foo</pre> <p class="continue"> envoie par mail à Xavier Leroy le résultat de la commande <code>ls -l</code> de tout à l'heure. </p> <p> On peut aussi taper <code>more < foo</code> qui est équivalent à <code>more foo</code> car <code>more</code> sans argument lit son entrée standard et l'affiche page par page sur le terminal. </p> <h4>Connecter la sortie d'une commande sur l'entrée d'une autre : <code>|</code></h4> <p> Il devient rapidement ennuyeux de taper : </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l > foo <span class="prompt">chaland ~ $</span> less < foo <span class="prompt">chaland ~ $</span> rm foo</pre> <p> On peut se passer du fichier intermédiaire (<code>foo</code> dans notre exemple) grâce à un <em>pipe</em> (caractère « <code>|</code> »). Un pipe connecte directement la sortie standard d'une commande sur l'entrée standard d'une autre commande. Exemple : pour afficher page par page la liste des fichiers du répertoire courant, faire </p> <pre><span class="prompt">chaland ~ $</span> ls -l | less</pre> <p> Le pipe, ou tube, est d'un usage très courant, et rend beaucoup de services. </p> <h3>Succès et erreur</h3> <p> On a parfois besoin de savoir si une commande a réussi ou non avant d'en lancer une autre. Les indicateurs <code>&&</code> et <code>||</code> permettent, respectivement, de lancer une commande si (et seulement si) la précédente a réussi ou échoué. </p> <p> Par exemple, si j'ai un fichier <code>foo</code>, j'obtiens : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> ls foo && echo "J'ai un fichier foo." foo J'ai un fichier foo. </pre> <p> Si je n'ai pas de fichier <code>foo</code>, le message ne s'affiche pas. En revanche, si je tape alors : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> ls foo || echo "Je n'ai pas de fichier foo." ls: foo: No such file or directory Je n'ai pas de fichier foo. </pre> <h3>Récapitulatif</h3> <p> La panoplie complète des redirections est la suivante (le tableau indique les redirections qui diffèrent selon les shells) : </p> <ul> <li><code>></code> : change la sortie standard de la commande pour la placer dans un fichier. </li> <li><code><</code> : change l'entrée standard de la commande pour la prendre dans un fichier. </li> <li><code>|</code> : branche la sortie standard de la commande de gauche sur l'entrée standard de la commande de droite. </li> <li><code>>></code> : change la sortie standard pour l'ajouter à la fin d'un fichier existant. </li> <li><code>||</code> : exécuter la commande suivante si la première a échoué. </li> <li><code>&&</code> : n'exécuter la commande suivante que si la première a réussi. </li> </ul> <h3>Redirection des sorties standard et d'erreur</h3> <p> Il est parfois utile de rediriger la sortie standard et la sortie d'erreur vers un même endroit. Pour cela, on utilise le motif <code>2>&1</code> avant la redirection. </p> <table class="tableau"> <tr> <th> Fonction </th> <th> Bourne shell (sh, bash) </th> <th> Z-shell (zsh) </th> </tr> <tr> <td>Redirige la sortie d'erreur (2) et la sortie standard (1) sur l'entrée de la commande suivante</td> <td><code>2>&1 |</code></td> <td><code> |&</code></td> </tr> <tr> <td>Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard dans un fichier</td> <td><code>2>&1 ></code></td> <td><code> >&</code></td> </tr> <tr> <td>Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard à la fin d'un fichier existant</td> <td><code>2>&1 >></code></td> <td><code>>>&</code></td> </tr> </table> <h4>Remarques</h4> <p> Normalement, une redirection avec <code>></code> sur un fichier qui existe déjà efface le contenu du fichier avant d'y placer le résultat de la commande. Les shells ont des options pour demander confirmation, ou refuser d'effacer le fichier. </p> <p> Une ligne de commandes contenant des <code>|</code> s'appelle un pipe-line. Quelques commandes souvent utilisées dans les pipe-lines sont: </p> <ul> <li><a href="fichiers.html#less">more</a> (ou <code>less</code>, bien plus évolué) à la fin du pipe-line, affiche le résultat page par page, pour laisser le temps de le lire. </li> <li><a href="divers.html#wc">wc</a> compte le nombre de caractères, de mots et de lignes de son entrée. </li> <li><a href="chercher.html#grep">grep</a> cherche dans son entre les lignes contenant un mot donné, et les écrit sur sa sortie. </li> <li><a href="&url.tuteurs;unix/exercices/enchainer.html#syst">sort</a> lit toutes les lignes de son entrée, les trie, et les écrit dans l'ordre sur sa sortie. Par défaut l'ordre est alphabétique. </li> <li><a href="fichiers.html#head">tail</a> écrit sur sa sortie les dernières lignes de son entrée. </li> <li><a href="fichiers.html#head">head</a> écrit sur sa sortie les premières lignes de son entrée. </li> <li><a href="fichiers.html#cat">cat</a> copie plusieurs fichiers sur sa sortie. </li> <li><code>fold</code> coupe les lignes de son entrée à 80 caractères et écrit le résultat sur sa sortie. </li> </ul> <h4>Exemples</h4> <pre>cat glop buz > toto</pre> <p> Concatène les fichiers <code>glop</code> et <code>buz</code> et place le résultat dans <code>toto</code>. </p> <pre>wc -w /usr/dict/words</pre> <p> Affiche le nombre de mots du dictionnaire Unix. </p> <pre>grep gag /usr/dict/words | tail</pre> <p> Affiche les 10 derniers mots du dictionnaire qui contiennent la chaîne <code>gag</code>. </p> <h3><a name="variables">Variables</a></h3> <h4>Qu'est-ce qu'une variable ?</h4> <p> Une variable est l'assignation d'une étiquette à un contenu ; ce contenu, comme l'indique le mot « variable », peut changer autant que l'on veut ; l'assignation de l'étiquette à ce contenu, elle, est fixe, aussi longtemps que l'on ne dissout pas la variable. </p> <p> La notion de variable est commune à presque tous les langages informatiques, et en particulier aux langages de programmation. Ceux qui ont déjà manipulé des langages sont donc familiers avec cette notion. Pour les autres, un petit exemple les aidera peut-être à la saisir. </p> <p> Mettons que vous programmiez le hachoir dont nous parlions plus haut. Un hachoir est un instrument dangereux, à ne pas mettre à la portée des enfants. Robert le jardinier, qui a conçu ce hachoir, veut être le seul à pouvoir l'utiliser, sans quoi le petit Émile pourrait se blesser en y mettant le doigt.</p> <p> Ainsi, il va dire au programme <code>hachoir</code> de vérifier la variable <code>USER</code>, qui contient le nom de l'utilisateur. Si le nom « Robert » est associé à l'étiquette <code>USER</code>, alors le programme se met en route ; sinon, il dit à l'utilisateur de ne pas utiliser cet instrument sans la présence d'un adulte, et de bien regarder des deux côtés avant de traverser la rue. </p> <p> Certaines variables sont prédéfinies, par exemple <code>USER</code> ; mais on peut en créer autant que l'on veut. Par exemple, si Robert veut autoriser d'autres adultes que lui à utiliser son hachoir, il peut faire que le programme demande à l'utilisateur quel âge il a ; la réponse est enregistrée dans la variable <code>age</code> ; ensuite, le programme va examiner le contenu de cette variable. Si <code>age >= 18</code>, alors le hachoir peut se mettre en route ; mais si <code>age < 18</code>, le hachoir refuse de se mettre en marche. </p> <h4>Les variables en shell</h4> <p> En shell, pour désigner le contenu d'une variable, on écrit le nom de la variable précédé du signe dollar. Exemple : <code>echo $HOME</code> affiche le nom du répertoire personnel de l'utilisateur, mémorisé par la variable <code>HOME</code>. </p> <h5>Les noms de variables</h5> <p> Par convention, les variables relevant du système, comme <code>HOME</code>, <code>USER</code> et beaucoup d'autres, sont en majuscules, tandis que l'on recommande d'écrire en minuscules les variables que l'on se crée soi-même. On évite ainsi la désagréable surprise de remplacer une variable importante et de casser tout ou partie de son système. </p> <p> Les noms de variables sont en effet sensibles à la casse : <code>USER</code>, <code>user</code>, <code>User</code>, <code>uSeR</code> etc. sont des variables différentes. </p> <h5>Définir une variable</h5> <p> La façon de donner une valeur à une variable varie selon le type de shell utilisé : </p> <p> <strong>C-Shell</strong> (<code>csh</code>, <code>tcsh</code>, <code>lcsh</code>) : on utilise la commande <code>setenv</code> : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> setenv foo bar <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo $foo bar</pre> <p> Famille des <strong>Bourne Shell</strong> (<code>sh</code>, <code>bash</code>, <code>zsh</code>, <code>ksh</code>) : on utilise <code>export</code> : </p> <pre> <span class="prompt">chaland ~ $</span> foo=bar <span class="prompt">chaland ~ $</span> export foo <span class="prompt">chaland ~ $</span> echo $foo bar</pre> <h5>Les variables d'environnement</h5> <p> Les valeurs des variables sont accessibles aux commandes lancées par le shell. L'ensemble de ces valeurs constitue l'<em>environnement</em>. On peut aussi supprimer une variable de l'environnement avec <code>unsetenv</code> (C-Shell) ou <code>unset</code> (Bourne Shell). </p> <p> Quelques variables d'environnement: </p> <ul> <li><code>DISPLAY</code> : L'écran sur lequel les programmes X travaillent. Cette variable est souvent de la forme : <code>machine.somehost.somewhere:0.0</code> Si cette variable est vide, c'est qu'il n'y a pas d'affichage graphique possible. </li> <li><code>PRINTER</code> : pour les commandes d'impression. Contient le nom de l'imprimante sur laquelle il faut envoyer vos fichiers. </li> <li><code>EDITOR</code> : utilisée par <code>mutt</code>, <code>forum</code>, et beaucoup d'autres commandes. Contient le nom de votre éditeur de textes préféré. </li> <li><code>VISUAL</code> : la même chose qu'<code>EDITOR</code>. </li> <li><code>SHELL</code> : contient le nom de votre shell. </li> <li><code>HOME</code> : contient le nom de votre répertoire personnel. </li> <li><code>USER</code> : contient votre nom de login. </li> <li><code>LOGNAME</code> : la même chose que <code>USER</code>. </li> <li><code>PATH</code> : contient une liste de répertoires dans lesquels le shell va chercher les commandes. </li> </ul> <p> Exercice : Assurez-vous que <code>/usr/local/games/bin</code> se trouve bien dans votre PATH. </p> <h2><a name="programmation">Programmation du shell <code>sh</code></a></h2> <p> Un shell, quel qu'il soit, peut exécuter des commandes prises dans un fichier. Un fichier contenant des commandes pour le shell est appelé un <em>script</em>. C'est en fait un <em>programme</em> écrit <em>dans le langage du shell</em>. Ce langage comprend non seulement les commandes que nous avons déjà vues, mais aussi des structures de contrôle (constructions conditionnelles et boucles). </p> <p> Pour la programmation du shell, nous allons utiliser le shell <code>sh</code>, qui est le plus répandu et standard. Ce que nous avons vu jusqu'ici s'applique aussi bien à <code>sh</code> qu'à <code>zsh</code> et aussi à <code>csh</code>, à l'exception de <code>setenv</code> et de certaines redirections signalées. </p> <h3>Rendre un script exécutable</h3> <p> Pour être un script, un fichier doit commencer par la ligne: </p> <pre>#!/bin/sh</pre> <p> Il doit aussi avoir être exécutable (bit <code>x</code>). Le <code>#!/bin/sh</code> sur la première ligne indique que ce script doit être exécuté par le shell <code>sh</code> dont on indique le chemin d'accès. Pour rendre un fichier exécutable, tapez : </p> <pre><span class="prompt">chaland ~</span> chmod u+x fichier </pre> <p class="continue"> (pour en savoir plus sur les droits attachés à un fichier, consultez la page sur <a href="droits.html">les droits d'accès</a>). </p> <h3><a name="structures">Structures de contrôle</a></h3> <p> C'est avec les structures de contrôle qu'un programme peut commencer à devenir sérieux. Le principe général de ces structures est le suivant : adapter le comportement du programme selon les réponses apportées à certaines questions. </p> <p> Nous avons déjà vu une application possible des structures de contrôle en parlant des variables. Le programme <code>hachoir</code> conçu par Robert le jardinier pose la question suivante : est-ce que <code>$USER</code> vaut « Robert » ? </p> <ul> <li> si oui, alors le hachoir doit se mettre en marche ;</li> <li> si non, alors le hachoir doit refuser de se mettre en marche.</li> </ul> <h4>La boucle <code>if</code></h4> <p> La structure de contrôle <code>if</code> est la plus courante de toutes, et la plus élémentaire. Elle est constituée de quatre termes :</p> <ol> <li> <code>if</code> (si), qui marque la condition à remplir ; </li> <li> <code>then</code> (alors), qui marque les conséquences si la condition est remplie ; </li> <li> <code>else</code> (sinon), qui est facultatif et marque le comportement à adopter si la condition n'est pas remplie ; </li> <li> <code>fi</code> (<code>if</code> à l'envers), qui marque la fin de la boucle.</li> </ol> <pre>if <em>commande</em> ; then <em>commandes</em> ; else <em>commandes</em> ; fi</pre> <p class="continue"> ou bien (car le point et virgule équivaut à un saut de ligne) :</p> <pre>if <em>commande</em> then <em>commandes</em> else <em>commandes</em> fi</pre> <p> Par exemple, pour Robert le jardinier, on aura : </p> <pre>if test $USER = Robert then hacher_menu_comme_chair_à_pâté $* else echo "Quand tu seras grand, $USER." echo "Et fais bien attention en traversant la rue." fi</pre> <h4>La boucle <code>for</code></h4> <p> La boucle <code>for</code> affecte successivement une variable chaque chaîne de caractères trouvée dans une <em>liste de chaînes</em>, et exécute les <em>commandes</em> une fois pour chaque chaîne. </p> <pre>for <em>var</em> in <em>liste de chaînes</em> ; do <em>commandes</em> ; done</pre> <p class="continue"> ou bien :</p> <pre>for <em>var</em> in <em>liste de chaînes</em> do <em>commandes</em> done</pre> <p> Rappel : <code>$<em>var</em></code> accède à la valeur courante de <em>var</em>. La partie <em>commandes</em> est une suite de commandes, séparées par des points et virgules (<code>;</code>) ou des retours à la ligne. </p> <p> Exemple : </p> <pre>for i in *; do echo "$i"; done</pre> <p class="continue"> affiche les noms de tous les fichiers du répertoire courant, un par ligne. </p> <p> Remarque : plus un programme grossit, plus il importe que son contenu soit lisible. <strong>Les noms de variable doivent donc être le plus lisibles possible</strong>, pour permettre à d'autres gens, ou bien à vous-même dans quelques mois, de comprendre rapidement votre script. Ainsi, il peut être plus explicite d'écrire, au lieu de « <code>for i in *; do echo "$i"; done</code> » : </p> <pre>for fichier in *; do echo "$fichier"; done</pre> <p> En outre, pour des raisons de lisibilité, <strong>n'hésitez pas à gaspiller des lignes de code</strong> en sautant des lignes ; les lignes de code ne sont pas une ressource rare : </p> <pre>for fichier in * do echo "$fichier" done</pre> <h4>La boucle <code>while</code></h4> <pre>while <em>commande</em> do <em>commande</em> done</pre> <p> La boucle <code>while</code> exécute les <em>commandes</em> de manière répétée tant que la première <em>commande</em> réussit.</p> <p> Par exemple : <em>tant que</em> le mot de passe correct n'a pas été donné, refuser l'accès et redemander le mot de passe. </p> <h4>La boucle <code>case</code></h4> <pre>case <em>chaîne</em> in <em>pattern</em>) <em>commande</em> ;; <em>pattern</em>) <em>commande</em> ;; esac</pre> <p> La boucle <code>case</code> exécute la première <em>commande</em> telle que la <em>chaîne</em> est de la forme <em>pattern</em>. Un <em>pattern</em> (motif) est un mot contenant éventuellement les constructions <code>*</code>, <code>?</code>, <code>[a-d]</code>, avec la même signification que pour les raccourcis dans les noms de fichiers. Exemple : </p> <pre> case $var in [0-9]*) echo 'Nombre';; [a-zA-Z]*) echo 'Mot';; *) echo 'Autre chose';; esac</pre> <p> Vous observerez que l'on clôt la boucle <code>case</code> avec <code>esac</code>, qui est le mot <code>case</code> à l'envers, de même que l'on clôt <code>if</code> avec <code>fi</code>. </p> <h3><a name="retour">Code de retour</a></h3> <p> On remarque que la condition des commandes <code>if</code> et <code>while</code> est une commande. Chaque commande renvoie un code de retour (qui est ignoré en utilisation normale). Si le code est 0, la commande a réussi ; sinon, la commande a échoué. Par exemple, le compilateur <code>cc</code> renvoie un code d'erreur non nul si le fichier compilé contient des erreurs, ou s'il n'existe pas. </p> <p> Les commandes <code>if</code> et <code>while</code> considèrent donc le code de retour 0 comme « vrai », et tout autre code comme « faux ». </p> <p> Il existe une commande <code>test</code>, qui évalue des expressions booléennes (c'est-à-dire dont la valeur ne peut être que vraie ou fausse, 1 ou 0) passées en argument, et renvoie un code de retour en fonction du résultat. Elle est bien utile pour les scripts. Exemple : </p> <pre> if test $var = foo then echo 'La variable vaut foo' else echo 'La variable ne vaut pas foo' fi</pre> <h3><a name="shvariables">Variables</a></h3> <p> Dans les scripts, on peut utiliser des variables définies à l'extérieur (avec <code>setenv</code> ou <code>export</code>), mais aussi définir ses variables locales propres au script. On donne une valeur à une variable avec une commande de la forme <code><em>nom-de-variable</em>=<em>valeur</em></code>. Les variables sont utilisées pour stocker des informations. </p> <p> On a aussi des variables spéciales, initialisées automatiquement au début du script: </p> <table class="tableau"> <tr> <td><code>$0</code></td> <td>Le nom de la commande (i.e. : du script)</td> </tr> <tr> <td><code>$1</code>, <code>$2</code>, etc.</td> <td>Le premier, deuxième, etc, argument passés au script.</td> </tr> <tr> <td><code>$*</code></td> <td>La liste de tous les arguments passés au script.</td> </tr> <tr> <td><code>$#</code></td> <td>Le nombre d'arguments passés au script.</td> </tr> <tr> <td><code>$?</code></td> <td>Le code de retour de la dernière commande lancée.</td> </tr> <tr> <td><code>$!</code> </td> <td>Le numéro de process de la dernière commande lancée en tâche de fond.</td> </tr> <tr> <td><code>$$</code></td> <td>Le numéro de process du shell lui-même.</td> </tr> </table> <p>Vous êtes maintenant en mesure de faire ces <a href="&url.tuteurs;unix/exercices/">exercices</a> pour vous entraîner.</p> <div class="metainformation"> Basé sur un polycopié de Roberto Di Cosmo, Xavier Leroy et Damien Doligez. Ajustements : Nicolas George. Compléments : Baptiste Mélès. Dernière modification le <date value="$Date: 2005-05-28 16:11:16 $" />. </div> </body> </html>