Un shell, quel qu'il soit, peut exécuter des commandes prises dans un fichier. Un fichier contenant des commandes pour le shell est appelé un script. C'est en fait un programme écrit dans le langage du shell. Ce langage comprend non seulement les commandes que nous avons déjà vues, mais aussi des structures de contrôle (constructions conditionnelles et boucles).
Pour la programmation du shell, nous allons utiliser le shell
sh
, qui est le plus répandu et standard. Ce que nous avons
vu jusqu'ici s'applique aussi bien à sh
qu'à
zsh
et aussi à csh
, à l'exception de
setenv
et de certaines redirections signalées.
Pour être un script, un fichier doit commencer par la ligne:
#!/bin/sh
Il doit aussi avoir être exécutable (bit x
). Le
#!/bin/sh
sur la première ligne indique que ce script doit être
exécuté par le shell sh
dont on indique le chemin
d'accès. Pour rendre un fichier exécutable, tapez :
chaland ~ chmod u+x fichier
(pour en savoir plus sur les droits attachés à un fichier, consultez la page sur les droits d'accès).
Pour comprendre ce qui suit, vous devez savoir ce qu'est le
PATH
. Si ce n'est pas le cas, lisez la page principale sur le shell.
Quand vous exécutez un script, vous pouvez vous trouver à
n'importe quel endroit de l'arborescence de vos répertoires. Si le
répertoire courant ne se situe pas dans votre PATH
et
que vous voulez exécuter un programme qui s'y trouve, vous ne pouvez
pas taper :
clipper ~ commande
car si le répertoire courant n'est pas dans le
PATH
, le shell n'ira pas y chercher
commande
.
Vous recevrez donc un message comme :
clipper ~ commande
zsh: command not found: commande
Pour que le shell comprenne où chercher votre commande, il faut donc spécifier l'emplacement de la commande en donnant son chemin, qu'il soit absolu :
clipper ~ /home/toto/repertoire/courant/commande
ou relatif :
clipper ~ repertoire/courant/commande
ou encore sous la forme :
clipper ~/repertoire/courant ./commande
~/bin
Il y a un certain nombre de commandes que l'on peut vouloir utiliser depuis n'importe quel répertoire. Dans ce cas, il est fastidieux de :
Il suffit donc de mettre tous vos scripts dans un même
répertoire, et de mettre ce répertoire dans le
PATH
. Par convention, ce répertoire s'appelle
bin
et se place dans votre répertoire personnel. Si
votre répertoire personnel est /home/toto
, ce
répertoire sera donc /home/toto/bin
.
Commencez donc par créer ce répertoire :
clipper ~ mkdir bin
Ensuite, vérifiez qu'il soit bien dans votre PATH
:
clipper ~ echo $PATH
Si vous voyez par exemple $HOME/bin
dans votre PATH
, alors c'est bon, tous les fichiers
exécutables situés dans ce répertoire seront accessibles depuis
n'importe quel répertoire.
Si ce n'est pas le cas, il faut ajouter ce répertoire au
PATH
. Pour cela, ajoutez dans le fichier de configuration
de votre shell, par exemple le fichier .zshrc
, la
ligne :
PATH=$PATH:$HOME/bin
Cette ligne indique que la prochaine fois que vous
ouvrirez votre shell, le répertoire bin
figurera dans
votre PATH
.
Si vous manipulez déjà le shell en ligne de commande, vous pouvez commencer vos premiers scripts. Un script shell est en effet avant tout une succession de commandes.
Par exemple, si vous avez coutume de taper successivement, quand vous vous loguez à l'ENS :
clipper ~ mozilla & clipper ~ mutt
vous pouvez vous créer le script suivant dans le
fichier ~/bin/amorce
:
#!/bin/sh mozilla & mutt
Ainsi, dès que vous vous connectez, vous pouvez taper
amorce
dans le shell, et vos commandes s'exécuteront
automatiquement.
Presque tous les langages informatiques autorisent d'insérer des commentaires ; le shell n'échappe pas à la règle. Pour cela, il suffit de faire précéder chaque ligne de commentaire du caractère « # ». Exemple :
#!/bin/sh # Tout ce que j'écris ici ne sera pas lu. echo "Ce que je tape ici sera lu."
Les lignes blanches ne sont pas interprétées non plus. N'hésitez donc surtout pas à espacer votre script, les lignes blanches ne consomment presque rien en termes d'espace disque, ce n'est donc pas une ressource rare.
Pourquoi espacer son script ? Pourquoi insérer des commentaires ? Pour une seule et même raison : votre script doit être lisible. Pourquoi être lisible ?
D'abord, pour autrui : si d'autres gens lisent votre script, il doit être intelligible, et les passages complexes doivent être explicités par des commentaires.
Ensuite, pour vous-même ; au moment où vous écrivez un script, vous comprenez tout, naturellement ; mais si vous le relisez dans quelques mois, voire quelques années, les passages obscurs risqueront d'être incompréhensibles, ce qui est particulièrement pénible quand on essaye de débuguer un programme, c'est-à-dire d'en corriger les erreurs.
echo
Maintenant que vous savez comment on peut exécuter un script, il s'agit de le remplir... Commençons par ce qu'il y a de plus simple : afficher du texte.
Traditionnellement, on commence par faire un programme qui affiche
simplement la ligne « Hello world » (ce qui signifie en
anglais : bonjour au monde entier). Faites donc un fichier
helloworld
contenant les lignes suivantes :
#!/bin/sh # Fichier "helloworld" echo "Hello world"
Exécutez ensuite ce programme, par exemple en tapant, dans le répertoire où il se trouve :
clipper ~ $ ./helloworld
Hello world
Ça y est, vous avez créé votre premier programme ! Lancez-le autant de vous que vous voulez, vous avez bien mérité d'être fier de vous.
Exercice : francisez ce script.
echo
La commande echo
sert à afficher du texte sur la sortie
standard (pour savoir ce qu'est la sortie standard, consultez la page
sur les entrées et sorties). Chaque
ligne de texte est écrite sur une ligne à part. Exemple :
#!/bin/sh # Fichier "bonjour" echo "Bonjour... " echo "Comment allez-vous ?"
affiche les lignes suivantes :
Bonjour... Comment allez-vous ?
et non :
Bonjour... Comment allez-vous ?
Si vous voulez annuler le retour chariot qui a lieu par défaut à la fin
de toute commande echo
, il faut utiliser l'option
-n
. Le programme sera alors :
#!/bin/sh echo -n "Bonjour..." echo "Comment allez-vous ?"
Alors seulement, vous pourrez avoir :
Bonjour... Comment allez-vous ?
Faisons mieux encore : votre script va citer des variables. Pour savoir ce que sont des variables, allez voir la page sur les variables.
La variable USER
contient le login de
l'utilisateur ; la variable PWD
(pour print
working directory) affiche le répertoire courant. Faisons donc le
script suivant :
#/bin/sh # Fichier "mon-pwd" echo "Bonjour $USER..." echo "Tu es actuellement dans le répertoire $PWD."
Comme vous pouvez le remarquer, pour citer le contenu d'une variable, on ajoute le signe dollar ($) devant son nom.
read
Parler c'est bien, écouter c'est mieux. Jusqu'ici, votre programme est capable de parler, de dire bonjour, mais il n'est même pas capable de vous appeler par votre nom, tout juste par votre login, ce qui n'est pas très intime...
Nous allons donc lui donner la faculté d'écouter, grâce à la commande
read
. Prenons le script suivant :
#!/bin/sh # Fichier "mon-nom" echo "Bonjour... Comment vous-appelez-vous ?" read nom echo "Je vous souhaite, $nom, de passer une bonne journée."
Vous connaissez déjà la commande echo
. La commande
read
permet de lire des variables. Si vous exécutez ce
script, après avoir affiché la ligne
Bonjour... Comment vous-appelez-vous ?
le shell va attendre que vous tapiez votre
nom. Tapez par exemple Toto
, puis appuyez sur Entrée, et
vous verrez :
Bonjour... Comment vous-appelez-vous ? Toto Je vous souhaite, Toto, de passer une bonne journée.
read
doit être suivie du seul nom de la
variable, non précédé du signe dollar. Le signe
dollar ne doit précéder le nom de la variable que lorsque l'on cite son
contenu.
La commande read
permet également de lire plusieurs
variables. Il suffit pour cela d'indiquer à la suite les noms des
différentes variables. Exemple :
#!/bin/sh # Fichier "administration" echo "Écrivez votre nom puis votre prénom :" read nom prenom echo "Nom : $nom" echo "Prénom : $prenom"
Vous aurez :
Écrivez votre nom puis votre prénom : Hugo Victor Nom : Hugo Prénom : Victor
Nous avons vu comment utiliser read
avec un seul
argument et avec plusieurs arguments ; il reste à voir l'usage de
read
sans argument. Oui, c'est possible !
Cela équivaut simplement à attendre un réaction de l'utilisateur, mais
sans mémoriser ce qu'il tape.
Concrètement, cela est très utile après un message « Appuyez sur Entrée pour continuer. » Exemple :
#!/bin/sh # Fichier "continuer" echo "Quelle est la différence entre un canard ?" echo "(Appuyez sur Entrée pour avoir la réponse)" read echo "Les pattes, surtout la gauche."