Unix est un système d'exploitation complexe. Il existe des centaines de commandes, la plupart avec des options. Comment vous débrouiller, apprendre à utiliser une commande, savoir quelle commande utiliser pour faire telle chose ? Heureusement, Unix dispose aussi d'une aide abondante et très utile.
L'aide la plus précieuse, la plus complète et la plus importante, c'est le manuel. Comme un livre, il est divisé en pages, chaque page correspondant à une commande ou à un concept précis. C'est pour cette raison qu'on parle de pages de man. Les pages de manuel se présentent comme un fichier texte : pas de liens, pas d'images, on ne peut pas cliquer. Il y a seulement un peu de mise en page. Bref, c'est plutôt austère ! C'est que les pages de man ne sont pas des tutoriels, mais des références. Souvent cependant, s'il existe un manuel plus complet, la fin de la page de man indique où le trouver.
Le principe est simple : pour lire l'aide correspondant à telle
commande ou concept, c'est man commande
.
Ainsi, pour obtenir des renseignements sur la
commande man
elle-même :
sas ~ $ man man
(Sous KDE, vous pouvez aussi taper
man:commande
dans la barre d'adresse de Konqueror, par
exemple man:man
.)
Vous verrez alors apparaître ceci :
User Commands man(1) NAME man - format and display the on-line manual pages manpath - determine user's search path for man pages SYNOPSIS man [-acdfhkKtwW] [-m system] [-p string] [-C config_file] [-M path] [-P pager] [-S section_list] [section] name ... DESCRIPTION man formats and displays the on-line manual pages. This version knows about the MANPATH and (MAN)PAGER environment variables, so you can have your own set(s) of personal man (...)
Comme vous pouvez le voir, c'est en anglais. Comme dans beaucoup d'autres domaines, l'anglais est la langue standard en informatique. Les documentations Unix sont écrites d'abord en anglais, et éventuellement traduites. Ne partez pas en courant, l'anglais technique est quand même moins difficile à comprendre que du Shakespeare. Sauf si vous êtes beaucoup plus à l'aise en français, préférez les versions anglaises des documentations : elles sont souvent plus à jour, et il y a parfois des erreurs de traduction.
Chaque page de man a la même structure. Une fois que vous vous êtes familiarisé avec celle-ci, vous savez rapidement à chercher l'information. Voici une description des principales rubriques qu'on peut trouver :
man(1)
dans
l'exemple ci-dessus), vous est indiquée la section du
manuel où se trouve la page de man demandée.-
sont des options.less
!
Une fois la page de man lancée, vous pouvez parcourir la page en
utilisant les mêmes commandes que le pager
less
, car la commande man
utilise
précisément less
.
less
, qui permet de faire des recherches dans le texte;
de revenir en arrière, et surtout, qui affiche le texte par écrans de
25 lignes, permettant ainsi de lire à sa vitesse avant de passer à la
suite. Faites man less
pour en savoir plus !
Il existe beaucoup de commandes différentes pour se déplacer dans une page de man, voici les plus importantes :
Action | Résultat |
---|---|
barre d'espace | Passage à l'écran suivant |
flèche haut | Revenir en arrière dans le fichier |
/tagada ENTER | Chercher la suite de caractère « tagada » dans la suite de la page |
?tagada ENTER | Chercher la suite de caractère « tagada » plus haut dans la page |
g | Retourner au tout début de la page |
G | Aller à la fin de la page |
h | Affiche un résumé des commandes de
less |
q | Quitte la lecture du manuel |
Comme nous vous l'avons dit, le manuel est divisé en grandes sections, tout comme un livre peut être divisé en chapitres. Voici (les ?) deux organisations habituelles. Les PC sous Ubuntu se conforment plutôt à la deuxième.
Qu'est-ce que c'est ? | ||
---|---|---|
Section | System V | BSD |
1 | Commandes utilisateur | Idem |
2 | Appels systèmes | Idem |
3 | Bibliothèques | Idem |
4 | Fichiers de configuration et d'administration | Points d'entrées du noyau, pilotes |
5 | Divers | Fichiers de configuration |
6 | Jeux | Idem |
7 | Entrées-sorties, fichiers spéciaux | Standards |
8 | Commandes d'administration | Idem |
9 | _ | Fonctions présentes dans le noyau |
Il arrive qu'une même commande ait plusieurs pages de man dans des
sections différentes. C'est par exemple le cas de mkdir
,
qui a une page dans la section 1 (commandes utilisateurs) et 2 (appels
systèmes). Par défaut, man
mkdir
renvoie à la section 1 (la page dans la section 2 est
mentionnée dans le SEE ALSO). Pour demander explicitement la page de
la section 2 :
sas ~ $ man 2 mkdir
Il existe également des sections spécifiques à l'ENS : la section I, qui contient des informations pas nécessairement à jour sur l'École et la section 42 qui contient des informations peut-être un peu plus à jour sur l'École. (Il existe également une section A comprenant quatre pages traitant de mathématiques.)
Pour un point de départ, essayez man I intro
ou
man 42 intro
.
apropos
Le problème, c'est que vous, vous ne savez même pas quelle est la
bonne commande à utiliser. Tout ce que vous savez, c'est que vous
voulez créer un fichier MP3 à partir de l'un de vos CD. Pour cela, on
peut utiliser la commande apropos
. Cette commande fait
des recherches dans une base de données contenant le nom des
commandes, et leur description. Syntaxe de la commande : apropos
<mot clef>
. Attention, le mot clef doit être en
anglais. Exemple d'utilisation :
sas ~ $ apropos MP3
lame lame (1) - create mp3 audio files
Voici la réponse : il faut utiliser la commande lame
, qui
« crée des fichiers audio mp3 ». Pour savoir comment l'utiliser,
consultez sa page de man, qui se trouve dans la section 1 du
manuel. Ça n'est pas toujours aussi simple : apropos
peut
vous donner de longues réponses. Utilisez alors le pipe (|), qui
connecte la sortie standard d'une commande (c'est-à-dire le résultat
visible de cette commande) sur l'entrée standard d'une autre
commande. Dans notre cas, cela signifie que les lignes produites par
apropos
pourront être lues ensuite avec
less
, comme un fichier.
sas ~ $ apropos editor | less
Curses::UI::TextEditor Curses (3) - Create and manipulate texteditor widgets
FvwmConsoleC.pl FvwmConsoleC.pl (1) - Command editor for FVWM command in put interface
Tk::ColorEditor Tk (3) - a general purpose Tk widget Color Editor
aa_createedit aa_createedit (3) - Simple interactive line editor provided as helper function.
aa_edit aa_edit (3) - Simple interactive line editor.
aa_editkey aa_editkey (3) - Notify the line editor about keypress.
cooledit cooledit-3.17.5 (1) - Full featured text editor for the X Window System, Version 11.
dotty dotty (1) - A Customizable Graph Editor
ed ed (1) - text editor
ex vim (1) - Vi IMproved, a programmers text editor
ile ile (1) - An input line editor for UNIX (Input Line Editor)
ile-2.7 ile (1) - An input line editor for UNIX (Input Line Editor)
(...)
Là, il y a à boire et à manger... Il faut regarder dans quelle section se trouve chacune des propositions pour faire la différence entre commandes que vous pouvez utiliser (section 1) et autres.
apropos
n'existe pas. Vous pouvez faire la même chose
grâce à l'option -k
de man
: man -k
<mot clef>
.
Très souvent, les commandes ont un petit fichier d'aide rudimentaire, qui vous renseignera sur la syntaxe de la commande (pour savoir ce que fait exactement la commande, ou pour compléter, c'est le rôle des pages de man). Il y a plusieurs manières d'obtenir cette aide rudimentaire :
-h
, -?
et --help
C'est un moyen simple pour obtenir un peu d'aide sur une commande. Exemple :
earendil ~ $ mkdir --help
usage: mkdir [-pv] [-m mode] directory ...
Ici, on vous indique que la commande mkdir
admet les
options -p
, -v
, -m
<mode>
, et que sinon c'est mkdir <nom du
fichier>
.
Attention, d'une part la syntaxe varie : une commande peut comprendre
-h
mais pas --help
et -?
, ou
inversement. Ensuite, ça ne marche pas toujours. Ainsi, si vous
essayez de demander de l'aide à la commande df
(affiche
l'espace disque
disponible) :
sas ~ $ df -h
Filesystem Size Used Avail Use% Mounted on
/dev/dsk/c0t0d0s0 189M 92M 79M 54% /
/dev/dsk/c0t0d0s4 754M 595M 106M 85% /usr
/dev/dsk/c0t8d0s5 995M 467M 469M 50% /var
Pour df
, l'option -h
veut dire tout autre
chose...
Cette astuce consiste à donner une option complètement fantaisiste à la commande. Celle-ci va réagir en disant que ce n'est pas comme ça qu'on fait, et vous indiquera brièvement quelles sont les syntaxes correctes possibles. Exemple :
sas ~ $ cal -xyz
cal: illegal option -- x
usage: cal [ [month] year ]
On utilise une option -xyz
pour être sûr que ce n'est pas
une option existante. Ça marche : cal
(petit programme qui affiche
le calendrier du mois) se plaint que cette syntaxe n'existe pas, et
vous indique ce qui est possible.
De même (ou plutôt, en plus), les programmes avec une interface
graphique ou semi-graphique ont souvent une commande qui donne accès à
leur manuel. Par exemple, le lecteur de courrier électronique mutt
dispose d'une liste de commande accessible en appuyant sur
?
, et flrn
, un des logiciels pour lire forum a un guide de survie
accessible avec F1
et un manuel complet accessible avec
?
. Les programmes faisant partie de KDE ont
presque toujours un menu Aide (ou Help) complètement à droite de leur
barre de menu, malheureusement, ce manuel lest souvent incomplet ou peu
à jour. Toujours sous KDE, avec certains logiciels, on peut afficher une
bulle d'aide détaillée sur un élément de l'interface en cliquant sur le
point d'interrogation en haut à droite de la fenêtre, puis sur l'élément
en question.
Les pages info sont de l'aide en ligne, tout comme les pages de man. Le format info est une particularité des programmes écrits par le Projet GNU, une communauté de développeurs qui est l'auteur d'une grande quantité d'utilitaires et de programmes. Par exemple, la documentation d'Emacs (un éditeur de texte) ou encore celle de tar (un archiveur), est au format info.
Les pages info remplissent les mêmes fonctions que les pages de man, mais la navigation est plus compliquée : c'est dû à l'organisation hiérarchique des pages info, avec des branches, des sous-branches, etc. Ce fonctionnement convient bien à de gros projets comme Emacs, mais peut sembler plus lourd pour des programmes avec une documentation moins importante.
Sur les machines sur lesquelles il est installé, le plus
simple est d'utiliser le programme info
, qui permet de
naviguer dans les pages info. La syntaxe est aussi simple que celle de
man
: info <commande>
. Par exemple,
pour obtenir les pages info d'info
lui-même :
sas ~ $ info info
Sous KDE, vous pouvez aussi taper info:<commande>
dans la barre d'adresse de Konqueror.
Les programmes liés à TeX et les packages LaTeX viennent souvent avec
des documentations très complètes, mais elle est sous forme de fichiers
pdf ou texte brut (ou d'autres formats variés), et n'est pas toujours
facile à trouver au premier abord. Heureusement, la commande
texdoc
permet souvent de trouver instanément le bon
document. Par exemple, pour obtenir l'aide du package LaTeX
multicol
, il suffit de faire
trimaran ~ $ texdoc multicol
Le programme texdoctk
affiche un petit index de cette
documentation.
/usr/share/doc/
Parfois, un programme vient avec un manuel, des fichiers d'exemples, ou
une autre sorte de documentation qui ne rentre pas dans les sources de
documentation standard décrites ci-dessus. (Il peut y avoir les deux :
ainsi, beaucoup de logiciels ont une page de man minimaliste qui renvoie
à un manuel complet au format HTML ou PDF.) Cette documentation « non
standard » se trouve habituellement dans les répertoires
/usr/share/doc/nom du programme/
ou encore
/usr/share/doc/nom du programme-doc/
.
Pensez à regarder !