Un programme consiste à traiter des données, et à renvoyer des données transformées : il transforme des informations, et c'est pourquoi l'on parle d'informatique.
Prenons le programme hachoir
, par exemple : on y
fait entrer des choses, elles sortent sous une autre forme, et dans
l'intervalle, elles subissent des transformations régulières. Par
exemple, on fait entrer une vache, il en ressort du steak haché ;
on y fait entrer des carottes, il en ressort des carottes rapées.
Deux concepts permettent de modéliser cette transformation d'informations : les concepts d'entrée et de sortie. L'entrée, c'est la vache ou les carottes ; la sortie, c'est le steak haché ou les carottes rapées.
Mais cette première distinction entre entrée et sortie ne suffit pas, car la sortie d'un programme, c'est-à-dire les messages qu'il renvoie, sont de deux ordres : il y a les messages normaux relevant de la transformation d'informations (par exemple le steak haché ou les carottes rapées), mais il y a aussi des messages d'erreur.
Par exemple, si vous mettez, sur le tapis roulant qui mène au hachoir, un objet trop gros pour y rentrer, le hachoir, s'il est bien conçu, devra vous prévenir qu'il n'arrive pas à hacher un objet si gros. Et ce message, quoiqu'il sorte aussi bien du hachoir que le steak haché, ne doit pas être traité de la même façon à sa sortie, et n'est pas suivi des mêmes conséquences. C'est pourquoi l'on distingue la sortie standard et la sortie d'erreur.
Pour résumer, chaque commande a donc :
Par défaut, l'entrée standard est le clavier, la sortie standard est l'écran, et la sortie d'erreur est aussi l'écran.
C'est sur le clavier que vous tapez ; ce que vous tapez et ce que renvoient les programmes s'inscrit à l'écran ; les messages d'erreur renvoyés par les programmes s'affichent à l'écran.
Mais il ne s'agit là que du comportement par défaut, et pas d'un comportement obligatoire. Vous pouvez tout à fait orienter différemment vos programmes.
Par exemple, si vous donnez une vache comme entrée au hachoir, vous pouvez orienter la sortie vers une imprimante (au lieu de l'écran, proposé par défaut), et vous imprimerez ainsi du steak haché.
Ou encore, vous pouvez donner un plant de carottes comme entrée au
programme cueillette
, et envoyer la sortie (c'est-à-dire
les carottes cueillies) au programme hachoir
.
Nous allons étudier successivement :
Ces différentes configurations esquissent la grammaire d'une utilisation très performante des fonctionnalités du shell ; vous saurez en effet comment brancher un fichier sur l'entrée ou sur la sortie d'une commande, et comment brancher la sortie d'une commande sur l'entrée d'une autre. Il n'y a pas d'autre combinaison possible.
>
On peut rediriger la sortie standard d'une commande vers un
fichier (caractère « >
»). Le résultat de la
commande sera placé dans le fichier au lieu de s'afficher sur l'écran.
Exemple :
chaland ~ $ ls -l > foo
Le résultat de ls -l
ne s'affiche pas à l'écran, mais il est placé
dans le fichier foo
. On peut alors taper
chaland ~ $ less foo
(ou more foo
)
pour lire le fichier page par page.
>>
On veut parfois ajouter la sortie d'un programme à un fichier, sans effacer ce qui précède. Or, par défaut, si l'on tape plusieurs fois
chaland ~ $ ls -l > foo
à chaque fois, le contenu antérieur du fichier foo
est
écrasé par le contenu ultérieur.
Pour éviter cela, il existe l'outil de redirection >>. Ainsi, si vous tapez plusieurs fois
chaland ~ $ ls -l >> foo
le fichier foo
contiendra à la suite tout ce que
vous a renvoyé la commande.
<
On peut aussi rediriger l'entrée standard d'une commande (caractère
« <
»). La commande lira alors le fichier au
lieu du clavier. Exemple :
chaland ~ $ elm leroy < foo
envoie par mail à Xavier Leroy le résultat de la commande ls -l
de
tout à l'heure.
On peut aussi taper more < foo
qui est équivalent à
more foo
car more
sans argument lit son entrée
standard et l'affiche page par page sur le terminal.
|
Il devient rapidement ennuyeux de taper :
chaland ~ $ ls -l > foo chaland ~ $ less < foo chaland ~ $ rm foo
On peut se passer du fichier intermédiaire (foo
dans notre
exemple) grâce à un pipe (caractère
« |
»). Un pipe connecte directement la sortie
standard d'une commande sur l'entrée standard d'une autre commande.
Exemple : pour afficher page par page la liste des fichiers du
répertoire courant, faire
chaland ~ $ ls -l | less
Le pipe, ou tube, est d'un usage très courant, et rend beaucoup de services.
On a parfois besoin de savoir si une commande a réussi ou non avant d'en
lancer une autre. Les indicateurs &&
et
||
permettent, respectivement, de lancer une commande si
(et seulement si) la précédente a réussi ou échoué.
Par exemple, si j'ai un fichier foo
, j'obtiens :
chaland ~ $ ls foo && echo "J'ai un fichier foo."
foo
J'ai un fichier foo.
Si je n'ai pas de fichier foo
, le message ne s'affiche
pas. En revanche, si je tape alors :
chaland ~ $ ls foo || echo "Je n'ai pas de fichier foo."
ls: foo: No such file or directory
Je n'ai pas de fichier foo.
Il est parfois utile de rediriger la sortie standard et la sortie
d'erreur vers un même endroit. Pour cela, on utilise le motif
2>&1
avant la redirection.
Fonction | Bourne shell (sh, bash) | Z-shell (zsh) |
---|---|---|
Redirige la sortie d'erreur (2) et la sortie standard (1) sur l'entrée de la commande suivante | 2>&1 | |
|& |
Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard dans un fichier | 2>&1 > |
>& |
Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard à la fin d'un fichier existant | 2>&1 >> |
>>& |
Normalement, une redirection avec >
sur un fichier qui
existe déjà efface le contenu du fichier avant d'y placer le résultat de la
commande. Les shells ont des options pour demander confirmation, ou
refuser d'effacer le fichier.
Une ligne de commandes contenant des |
s'appelle un pipe-line.
Quelques commandes souvent utilisées dans les pipe-lines sont:
less
, bien plus évolué) à la fin du pipe-line, affiche le
résultat page par page, pour laisser le temps de le lire. fold
coupe les lignes de son
entrée à 80 caractères et écrit le résultat sur sa sortie.
cat glop buz > toto
Concatène les fichiers glop
et buz
et place le
résultat dans toto
.
wc -w /usr/dict/words
Affiche le nombre de mots du dictionnaire Unix.
grep gag /usr/dict/words | tail
Affiche les 10 derniers mots du dictionnaire qui contiennent la chaîne
gag
.
La panoplie complète des redirections est la suivante :
>
: change la sortie standard de la commande pour la placer
dans un fichier.
<
: change l'entrée standard de la commande pour la prendre
dans un fichier.
|
: branche la sortie standard de la commande de gauche sur
l'entrée standard de la commande de droite.
>>
: change la sortie standard pour l'ajouter à la fin
d'un fichier existant.
||
: exécuter la commande suivante si la première a
échoué.
&&
: n'exécuter la commande suivante que si la
première a réussi.
Vous êtes maintenant en mesure de faire ces exercices pour vous entraîner.