Le machin qui interprète les commandes.
La variable PATH
contient le chemin d'accès
aux commandes. Le shell l'utilise pour trouver les commandes. Il s'agit d'une
liste de répertoires séparés par des :
. La plupart des commandes
sont en fait des programmes, c'est-à-dire des fichiers qu'on trouve dans le
système de fichiers.
Par exemple, quand vous tapez ls
, le shell exécute le fichier
/bin/ls
. Pour trouver ce fichier, il cherche dans le premier
répertoire du PATH
un fichier qui s'appelle ls
.
S'il ne trouve pas, il cherche ensuite dans le deuxième répertoire et ainsi
de suite.
S'il ne trouve la commande dans aucun répertoire du PATH
, le shell
affiche un message d'erreur. Exemple:
chaland ~ $ sl
sl: Command not found
Certaines commandes du shell ne sont pas des programmes mais des commandes
internes (builtins functions). Elles sont directement
reconnues et exécutées par le shell. Un exemple de commande interne est
cd
. C'est le répertoire courant du shell qui est modifié par
cd
, ce qui signifie que le script suivant :
#! /bin/sh cd $*
ne marche pas, car le shell lance un autre shell pour exécuter le script. C'est ce sous-shell qui change son répertoire courant, et ce changement est perdu quand le sous-shell meurt.
Scripts pour automatiser ou systématiser des tâches, opérations un peu compliquées.
sh : .profile (shell de login) ; sh lance un autre shell qui prend la relève pour la session. .xinitrc (pour lancer X)
Il existe un script spécial, qui est exécuté au moment où on se connecte. Ce
script est contenu dans le fichier $HOME/.profile
. C'est ce
fichier qui vous dit s'il y a de nouveaux messages dans forum, si vous avez
du courrier, etc.
Ce fichier est normalement mis à jour automatiquement par les scripts de la config conscrits. Il est néanmoins possible de le modifier pour changer des options.
Il est parfois ennuyeux d'avoir à taper un nom complet de fichier comme
nabuchodonosor
. Il est encore plus ennuyeux d'avoir à taper une
liste de fichier pour les donner en arguments à une commande, comme :
cc -o foo bar.c gee.c buz.c gog.c
Pour éviter ces problèmes, on peut utiliser des jokers (wildcards en anglais).
Une étoile *
dans un nom de fichier est
interprétée par le shell comme « n'importe quelle séquence de
caractères » (mais ça ignore les fichiers dont le nom commence par un
point). Exemple:
cc -o foo *.c
Pour interpréter l'étoile, le shell va faire la liste de tous les noms de
fichiers du répertoire courant qui ne commencent pas par .
et
qui finissent par .c
. Ensuite, il remplace *.c
par cette liste (triée par ordre alphabétique) dans la ligne de commande, et
exécute le résultat, c'est-à-dire par exemple :
cc -o foo bar.c buz.c foo.c gee.c gog.c
On a aussi lepoint d'interrogation ?
, qui
remplace un (et exactement un) caractère quelconque (sauf un point en début
de nom). Par exemple, ls *.?
liste tous les dont l'extension
ne comporte qu'un caractère (.c
, .h
...).
La forme [abcd]
remplace un caractère quelconque parmi
a
, b
, c
, d
. Enfin,
[^abcd]
remplace un
caractère quelconque qui ne se trouve pas parmi a
, b
,
c
, d
.
echo /users/*
affiche à peu près la même chose que
ls /users
(La commande echo
se contente d'afficher ses arguments.)
&icone.attention; Attention :
mv *.c *.bak
, car le shell va passer à
mv
les arguments foo.c bar.c foo.bak bar.bak
, et
mv
ne sait pas quel fichier remplacer.
rm * ~
, le shell remplace
l'étoile par la liste des fichiers présents, et ils seront tous effacés. Si
vous tapez rm *~
, seuls les fichiers dont le nom finit par un tilde
seront effacés.
Interlude: comment effacer un fichier nommé ?*
? On ne peut
pas taper rm ?*
car le shell remplace ?*
par la
liste de tous les fichiers du répertoire courant. On peut taper rm -i
*
qui supprime tous les fichiers, mais en demandant confirmation à
chaque fichier. On répond n
à toutes les questions sauf
rm: remove ?*
.
Autre méthode: utiliser les mécanismes de quotation.
Avec tous ces caractères spéciaux, comment faire pour passer des arguments
bizarres à une commande ? Par exemple, comment faire afficher un point
d'interrogation suivi d'une étoile et d'un dollar par echo
?
Le shell fournit des mécanismes pour ce faire. Ce sont les
quotations.
\
)Il suffit de précéder un caractère spécial d'un backslash, et le shell remplace ces deux caractères par le caractère spécial seul. Évidemment, le backslash est lui-même un caractère spécial.
Exemples:
chaland ~ $ echo \?\*\$ ?*$ chaland ~ $ echo \\\?\\\*\\\$ \?\*\$
'
)
Un autre moyen est d'inclure une chaîne de caractères entre apostrophes
(simples quotes) '
. Tout ce qui se trouve entre deux apostrophes
sera passé tel quel par le shell à la commande.
Exemple:
chaland ~ $ echo '$?*'
$?*
"
)Les guillemets se comportent comme les apostrophes, à une exception près: les dollars et les backslashes sont interprétés entre les guillemets. Exemple:
chaland ~ $ echo "$HOME/*"
/users/87/maths/doligez/*
Une technique utile: Quand on juxtapose deux chaînes de caractères quotées, le shell les concatène, et elles ne forment qu'un argument. Exemple:
chaland ~ $ echo "'"'"'
'"
Quant aux interactions plus compliquées (backslashes à l'intérieur des
guillemets, guillemets à l'intérieur des apostrophes, etc.), le meilleur moyen
de savoir si ça donne bien le résultat attendu est d'essayer. La commande
echo
est bien utile dans ce cas.
`
)
Dernière forme de quotation: `commande`
. Le shell
exécute la commande indiquée entre backquotes, lit la sortie de la
commande mot par mot, et remplace `
commande
`
par la liste de ces mots. Exemple :
chaland ~ $ echo `ls` Mail News bin foo lib misc mur notes.aux notes.dvi notes.log notes.tex planar text chaland ~ $ ls -l `which emacs` -rwxr-xr-t 1 root taff 978944 Jul 16 1991 /usr/local/bin/emacs
La commande which cmd
employée ci-dessus affiche sur sa
sortie le nom absolu du fichier exécuté par le shell quand on lance la
commande it cmd :
chaland ~ $ which emacs
/usr/local/bin/emacs
Chaque commande a une entrée standard, une sortie standard, et une sortie d'erreur. Par défaut, l'entrée standard est le clavier, la sortie standard est l'écran, et la sortie d'erreur est aussi l'écran.
>
On peut rediriger la sortie standard d'une commande vers un fichier
(caractère >
). Le résultat de la commande sera placé dans le
fichier au lieu de s'afficher sur l'écran. Exemple:
chaland ~ $ ls -l > foo
Le résultat de ls -l
ne s'affiche pas à l'écran, mais il est placé
dans le fichier foo
. On peut alors taper
chaland ~ $ less foo
(ou more foo
)
pour lire le fichier page par page.
<
On peut aussi rediriger l'entrée standard d'une commande (caractère
<
). La commande lira alors le fichier au lieu du clavier.
Exemple:
chaland ~ $ elm leroy < foo
envoie par mail à Xavier Leroy le résultat de la commande ls -l
de
tout à l'heure.
On peut aussi taper more < foo
qui est équivalent à
more foo
car more
sans argument lit son entrée
standard et l'affiche page par page sur le terminal.
|
On peut se passer du fichier intermédiaire grâce à un pipe
(caractère |
). Un pipe connecte directement la sortie standard d'une
commande sur l'entrée standard d'une autre commande. Exemple: pour afficher
page par page la liste des fichiers du répertoire courant, faire
chaland ~ $ ls -l | less
Le pipe est d'un usage très courant et rend beaucoup de services.
La panoplie complète des redirections est la suivante (le tableau indique les redirections qui diffèrent selon les shells) :
>
: change la sortie standard de la commande pour la placer
dans un fichier.
<
: change l'entrée standard de la commande pour la prendre
dans un fichier.
|
: branche la sortie standard de la commande de gauche sur
l'entrée standard de la commande de droite.
>>
: change la sortie standard pour l'ajouter à la fin
d'un fichier existant.
||
: exécuter la commande suivante si la première a
échoué.
&&
: n'exécuter la commande suivante que si la
première a réussi.
Fonction | Bourne shell | Z-shell |
---|---|---|
Redirige la sortie d'erreur (2) et la sortie standard (1) sur l'entrée de la commande suivante | 2>&1 | |
|& |
Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard dans un fichier | 2>&1 > |
>& |
Redirige la sortie d'erreur et la sortie standard à la fin d'un fichier existant | 2>&1 >> |
>>& |
Normalement, une redirection avec >
sur un fichier qui
existe déjà efface le contenu du fichier avant d'y placer le résultat de la
commande. Les shells ont des options pour demander confirmation, ou
refuser d'effacer le fichier.
Une ligne de commandes contenant des |
s'appelle un pipe-line.
Quelques commandes souvent utilisées dans les pipe-lines sont:
less
,
bien plus évolué) à la fin du pipe-line, affiche le résultat page par page,
pour laisser le temps de le lire.
cat glop buz > toto
Concatène les fichiers glop
et buz
et place le
résultat dans toto
.
wc -w /usr/dict/words
Affiche le nombre de mots du dictionnaire Unix.
grep gag /usr/dict/words | tail
Affiche les 10 derniers mots du dictionnaire qui contiennent la chaîne
gag
.
Le shell a des variables. Pour désigner le contenu d'une variable, on écrit
le nom de la variable précédé d'un dollar. Exemple: echo $HOME
affiche le nom du répertoire personnel de l'utilisateur.
La façon de donner une valeur à une variable varie selon le type de shell utilisé :
C-Shell (csh
, tcsh
,
lcsh
) : on utilise la commande setenv
:
chaland ~ $ setenv foo bar chaland ~ $ echo $foo bar
Famille des Bourne Shell (sh
, bash
,
zsh
, ksh
) : on utilise export
:
chaland ~ $ foo=bar chaland ~ $ export foo chaland ~ $ echo $foo bar
Les valeurs des variables sont accessibles aux commandes lancées par le shell.
L'ensemble de ces valeurs constitue l'environnement. On peut aussi
supprimer une variable de l'environnement avec unsetenv
(C-Shell) ou unset
(Bourne Shell).
Quelques variables d'environnement:
DISPLAY
: L'écran sur lequel les programmes X travaillent.
C'est souvent de la forme : machine.somehost.somewhere:0.0
Si c'est vide, c'est qu'il n'y a pas d'affichage graphique possible.
PRINTER
: pour les commandes d'impression. Contient le nom de
l'imprimante sur laquelle il faut envoyer vos fichiers.
EDITOR
: utilisée par mutt
, forum
,
et beaucoup d'autres commandes. Contient le nom de votre éditeur de textes
préféré.
VISUAL
: la même chose qu'EDITOR
.
SHELL
: contient le nom de votre shell.
HOME
: contient le nom de votre répertoire personnel.
USER
: contient votre nom de login.
LOGNAME
: la même chose que USER
.
PATH
: contient une liste de répertoires dans lesquels le
shell va chercher les commandes.
Exercice : Assurez-vous que /usr/local/games/bin
se trouve
bien dans votre PATH.
sh
Un shell, quel qu'il soit, peut exécuter des commandes prises dans un fichier. Un fichier contenant des commandes pour le shell est appelé un script. C'est en fait un programme écrit dans le langage du shell. Ce langage comprend non seulement les commandes que nous avons déjà vues, mais aussi des structures de contrôle (constructions conditionnelles et boucles).
Pour la programmation du shell, nous allons utiliser le shell sh
,
qui est le plus répandu et standard. Ce que nous avons vu jusqu'ici
s'applique aussi bien à sh
qu'à zsh
et aussi à
csh
, à l'exception de setenv
et de certaines
redirections signalées. Pour être un script, un fichier doit commencer par
la ligne:
#!/bin/sh
Il doit aussi avoir être exécutable (bit x
). Le
#!/bin/sh
sur la première ligne indique que ce script doit être
exécuté par le shell sh
dont on indique le chemin d'accès.
for var in liste de chaînes ; do commandes ; done
Affecte successivement à la variable de nom var chaque chaîne de caractères trouvée dans la liste de chaînes, et exécute les commandes une fois pour chaque chaîne.
Rappel : $var
accède à la valeur courante de
var. La partie commandes est une suite de commandes,
séparées par des ;
ou des retours à la ligne. (Tous les
;
dans cette syntaxe peuvent aussi être remplacés par des
retours à la ligne.)
Exemple :
for i in *; do echo $i; done
affiche les noms de tous les fichiers du répertoire courant, un par ligne.
if commande ; then commandes ; else commandes ; fi
Exécute l'une ou l'autre des listes de commandes, suivant que la première commande a réussi ou non (voir ci-dessous).
while commande ; do commande ; done
Exécute les commandes de manière répétée tant que la première commande réussit.
case chaîne in pattern) commande ;; pattern) commande ;; esac
Exécute la première commande telle que la chaîne est de la
forme pattern. Un pattern est un mot contenant
éventuellement les constructions *
, ?
,
[a-d]
, avec la même signification que pour les raccourcis dans
les noms de fichiers. Exemple :
case $var in [0-9]*) echo 'Nombre';; [a-zA-Z]*) echo 'Mot';; *) echo 'Autre chose';; esac
On remarque que la condition des commandes if
et
while
est une commande. Chaque commande renvoie un code de
retour (qui est ignoré en utilisation normale). Si le code est 0, la
commande a réussi; sinon, la commande a échoué. Par exemple, le compilateur
cc
renvoie un code d'erreur non nul si le fichier compilé
contient des erreurs, ou s'il n'existe pas.
Les commandes if
et while
considèrent donc le code
de retour 0 comme « vrai », et tout autre code comme « faux ».
Il existe une commande test
, qui évalue des expressions booléennes
passées en argument, et renvoie un code de retour en fonction du résultat.
Elle est bien utile pour les scripts. Exemple :
if test $var = foo then echo 'La variable vaut foo' else echo 'La variable ne vaut pas foo' fi
Dans les scripts, on peut utiliser des variables définies à l'extérieur
(avec setenv
ou export
), mais aussi définir ses
variables locales propres au script. On donne une valeur à une variable avec
une commande de la forme
nom-de-variable=valeur
. Les variables sont
utilisées pour stocker des informations.
On a aussi des variables spéciales, initialisées automatiquement au début du script:
$0 |
Le nom de la commande (i.e. : du script) |
$1 , $2 , etc. |
Le premier, deuxième, etc, argument passés au script. |
$* |
La liste de tous les arguments passés au script. |
$# |
Le nombre d'arguments passés au script. |
$? |
Le code de retour de la dernière commande lancée. |
$! |
Le numéro de process de la dernière commande lancée en tâche de fond. |
$$ |
Le numéro de process du shell lui-même. |