Un fichier est un paquet d'informations : ce peut être aussi bien du texte, que de la musique ou une image. Chaque objet que vous manipulez en informatique (une page Web, la musique de Casimir, vos photos de vacances, un logiciel, etc.) correspond à un fichier.
Quand vous écrivez un texte avec OpenOffice.org et que vous le sauvegardez sous le nom « Rapport de maîtrise », vous créez un fichier à ce nom, écrit sur le disque dur. Chaque fois que vous écrivez quelque chose sur le disque, vous créez un ou plusieurs fichiers.
Une des opérations les plus courantes consiste à écrire du texte. Pour
cela, voir le cours sur les éditeurs de
texte. Quand on vous demande de créer un fichier, généralement il
faut utiliser un éditeur de texte. Ainsi, pour créer le fichier
index.html
(accueil d'une page Web), utilisez l'éditeur
NEdit et tapez :
brick ~/www/ $ nedit index.html
Si vous êtes pressé, la commande cat
peut faire office
d'éditeur minimaliste. Tapez la commande suivante, et quelques mots :
brick ~ $ cat > notes
Faire les courses
Passer à la bibliothèque
Et finissez par Ctrl+D
. Le fichier notes
contient les quelques lignes que vous avez saisies.
On peut aussi créer un fichier à l'aide de la commande
touch
. touch toto
crée un fichier vide
appelé « toto ». En fait, cette commande sert essentiellement à
modifier la date de dernière modification d'un fichier.
www
un fichier vide appelé .last_modified
:
brick ~/www/ $ touch .last_modified
Votre page, désormais, ne figurera dans la liste des récentes
modifications qu'après un nouveau touch
du fichier
.last_modified
.
Les noms de fichiers s'écrivent avec des caractères
alphanumériques (lettres et chiffres). On peut utiliser
des majuscules et des minuscules, mais elles ne sont pas
interchangeables : document
et Document
sont
deux fichiers distincts.
Il est préférable d'éviter les espaces dans les noms de fichiers. On
peut les remplacer par un underscore (_
)
ou un tiret (-
). :
banque-de-france.tex banque_centrale.dvi
Il vaut mieux éviter les caractères accentués, et proscrire le reste
(ponctuations diverses, signes bizarres). Il faut aussi éviter de
faire commencer un fichier par un .
(par exemple
.document
). Il est également sage d'éviter de donner des
noms trop longs (même si en théorie vous avez droit à 255 caractères).
Certains fichiers ont des suffixes conventionnels qui les identifient auprès des utilisateurs et de certains programmes (liste non exhaustive de suffixes et d'outils) :
Suffixe | Nature | Logiciel à utiliser |
---|---|---|
.tex |
Fichier source pour LaTeX | Éditeur de texte |
.dvi |
Résultat de la compilation LaTeX | xdvi |
.aux , .log , .toc , .mp , etc. |
Fichiers produits automatiquement par la compilation LaTeX | À regarder avec less |
.ps , .eps |
Fichiers PostScript | gv (Ghostview) |
.txt |
Fichier texte | Éditeur si vous voulez le
modifier, less si vous voulez juste
le lire. |
.html , .shtml , .htm |
Pages Web | Navigateur
(netscape , links ...) |
.au , .ogg , .mp2 , .mp3 |
Son | Les fichiers .au s'écoutent avec play , les
.ogg avec ogg123 , les .mp2 avec
maplay , les .mp3 avec mpg123 . |
.tiff , .png , .jpg ,
.gif , .ppm ... |
Images | xv
pour les regarder ; gimp pour les modifier |
.mov , .avi |
Séquences animées | xanim |
.pdf |
Portable Document Format | acroread (Acrobat Reader) |
.gz , .tgz , .tar ,
.tar.gz , .Z , .tar.Z ,
.zip , .zoo , .lha , .lzx ,
.z , .uu , .shar |
Divers formats d'archives plus ou moins compressés | Consultez la page sur la compression |
De façon générale, tous les fichiers LaTeX ont un suffixe .tex
,
et toutes les pages Web un suffixe .html
(par exemple ce document
s'appelle fichiers.html
).
cat
Pour pouvoir consulter un fichier (sans l'éditer), le plus simple est
la commande cat
:
brick ~ $ cat fichier
Le problème est que cat
affiche l'intégralité du fichier
que vous lui demandez. Si le fichier est plus long que la taille de
votre écran (ce qui arrive quand même souvent), vous verrez défiler
très vite à l'écran le contenu de votre fichier, sans pouvoir
l'arrêter ou le ralentir. Pas très pratique...
more
et
less
Mieux vaut alors utiliser ce qu'en anglais on appelle un pager (parfois traduit par « visionneuse » en
français). Le nom « pager » vient du fait qu'il affiche un fichier
page par page et non tout d'un coup comme le fait
cat
. Sur les Unix un minimum récents, la commande qui
fait cela est less
. Pour lire le fichier
toto.txt
, tapez simplement :
brick ~ $ less toto.txt
Voici un tableau des commandes utiles de less
:
h |
afficher une aide. |
SPC | faire défiler le texte page par page |
d, ^D (down) | descendre d'un demi-écran |
f, ^F (forward) | descendre d'un écran |
p, ^P (previous) | remonter d'un demi-écran |
b, ^B (back) | remonter d'un écran |
j | descendre d'une ligne |
k | remonter d'une ligne |
G | aller à la fin du texte |
nombreG |
aller à la ligne de numéro nombre (par exemple, 1G
place à la première ligne du fichier). |
/mot |
chercher le « mot » dans le texte. Il sera signalé en inverse dans
tout le texte. Pour aller à la prochaine occurence du mot, taper
n , pour aller à la précédente occurence, taper
N . |
q | quitter |
more
(en savoir davantage sur
un fichier) est une commande standard sur tous les systèmes Unix
(alors que less
n'est pas installé
partout). less
(installé à l'École) est cependant plus
performant : les mots recherchés apparaissent sur fond noir au lieu
d'être juste placés en haut de l'écran, le défilement du texte est
plus précis. Si vous n'avez que more
à disposition, vous
pouvez utiliser les commandes suivantes :
h | afficher une aide |
d ( down) | descendre d'un demi-écran |
f ( forward) | descendre d'un écran |
b ( back) | remonter d'un demi-écran |
/mot |
chercher le « mot » dans le texte (le résultat est beaucoup moins clair
qu'avec less ). |
q | quitter |
On utilise la commande head
pour afficher le début d'un
fichier :
brick ~ $ head point_de_lendemain.txt
J'aimais éperdumment la comtesse de ... ; j'avais vingt ans, et
j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me
quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle
me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu,
toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux
(...)
Par défaut, head
affiche les 10 premières lignes. Pour
lui spécifier un nombre de lignes précis, utilisez l'option
-n
, n étant le nombre de votre choix :
brick ~ $ head -2 point_de_lendemain.txt J'aimais éperdumment la comtesse de ... ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me brick ~ $
« Mais à quoi est-ce que ça peut bien servir ? », vous direz-vous. Là, comme ça, c'est vrai que l'utilité est limitée. Mais en combinaison avec d'autres commandes, c'est très utile. Un exemple tiré de notre page sur la place disque :
clipper ~ $ du -ak | sort -nr | head -10
98280 .
22007 ./www
1658 ./Mail
9637 ./www/hist
5005 ./www/hist/maitrise
4910 ./histoire
3941 ./Mail/archives
3757 ./www/philo/
3274 ./www/philo/cours
3112 ./www/philo/cours/hegel
2841 ./prive
Nous avons ici les 10 fichiers ou répertoires les plus gros de notre compte. Toutes les explications sur cette suite de commandes se trouvent dans nitre page sur la place disque.
Cette fois, c'est la commande tail
qu'on utilise, avec
les mêmes options que head
:
brick ~ $ tail -3 point_de_lendemain.txt
sensible. Adieu, encore une fois. Vous êtes charmant... Ne me
brouillez pas avec la Comtesse ». Elle me serra la main, et
me quitta.
Cette commande devient très intéressante avec l'option
-f
: celle-ci dit à tail
de ne pas s'arrêter
à la fin du fichier, mais de continuer à afficher les nouvelles
informations qui seraient ajoutées au fichier. Une applications
typique est la surveillance des fichiers de logs (journaux où le
système, ou certains programmes, consignent des informations sur leur
travail).
Vous êtes en train de rédiger votre .htaccess
(fichier de configuration du serveur Web, Apache) et vous voulez
regarder en temps réel les messages d'erreur du serveur.
~webmaster/logs/access_log.curr
, il faut donc surveiller
les messages d'erreur sui arrivent au fur et à mesure que vous faites
vos essais. Tapez dans l'une de vos fenêtres la commande suivante :
clipper ~ $ tail -f ~webmaster/logs/access_log.curr | grep monlogin
et vous verrez s'afficher, au fur et à mesure et en temps réel, toutes
les erreurs qui contiennent votre login, donc vos pages. Pour arrêter
tail
quand vous en avez assez, tapez Ctrl+C
.
Copier un fichier, c'est prendre un fichier déjà existant
et en créer une copie rigoureusement identique sous un nom
différent. On utilise pour cela la commande cp
(comme cp). Pour copier toto.txt
en
toto2.txt
:
brick ~ $ cp toto.txt toto2.txt
Notez qu'on ne peut pas se servir de cp
pour copier un
répertoire. Ainsi, si vous essayez de copier votre répertoire
www
, cp
va se plaindre :
brick ~ $ cp www www2
cp: www: is a directory
cp
.
Renommer un fichier, c'est lui donner un nouveau nom, sans
rien modifier d'autre. On utilise pour cela la commande
mv
(comme move). Pour renommer
dissert.tex
en dissertation.tex
:
brick ~ $ mv dissert.tex dissertation.tex
La même commande sert également, avec la même syntaxe, pour les
répertoires. Ainsi, si vous voulez renommer votre répertoire
boulot
en répertoire magistere
:
brick ~ $ mv boulot magistere
C'est toujours la commande mv
que l'on utilise. La
syntaxe est la suivante : mv fichier
nouvel_endroit
. Ainsi, vous voulez déplacez le fichier
cv.html
, situé à la racine de votre compte, dans votre
répertoire www
:
brick ~ $ mv cv.html www
Autre exemple :
brick ~ $ mv fichier ..
déplace un fichier dans le répertoire père — si vous ne
comprenez pas ce terme, reportez-vous au tableau qui illustre la
commande cd
dans la
page sur les répertoires.
mv
.
Sous Unix, effacer un fichier, c'est le détruire de façon
irréversible. Pas de concept de poubelle dans
laquelle on peut fouiller, comme sous Windows ou Mac OS. C'est la
commande rm
(comme remove) qui efface un
fichier :
brick ~ $ rm fichier
rm
vous demande de confirmer l'ordre d'effacement :
brick ~ $ rm fichier
rm: remove fichier (yes/no)?
rm
que vous utilisez fait en fait rm
-i
, comme vous le montrera la commande which
:
brick ~ $ which rm
rm: aliased to nocorrect rm -i
Cette précaution évite le fameux doigt qui glisse et autres erreurs
qui effacent par mégarde des fichiers importants. Mais cette
précaution n'existe pas pour toutes les configurations : observez donc
la plus grande prudence en utilisant rm
.
Il existe aussi RCS, qui enregistre des copies de sauvegarde de vos fichiers, et permet de gérer les différentes versions de votre travail.
Nettoyage de printemps sur votre compte, vous voulez supprimer
plusieurs fichiers en même temps. Il suffit tout simplement de les
indiquer à la suite à rm
:
brick ~ $ rm article_vn.tex article_leveque.tex article_leveque2.tex
La commande pour effacer un répertoire est rmdir
(cf. notre page sur les répertoires),
mais elle ne marche que si le répertoire est vide. La commande
rm
ne peut pas effacer directement un répertoire :
brick ~ $ rm www
rm: www is a directory
Pour effacer un répertoire et son contenu, utilisez l'option
-R
(comme recursive de
rm
. Pour effacer votre répertoire toto/
et
les fichiers qu'il contient, tapez :
brick ~ $ rm -R toto
rm
est en fait rm -i
,
rm
vous demandera confirmation pour chacun des fichiers
contenus dans le répertoire toto/
:
brick ~ $ rm -R toto
rm: examine files in directory toto (yes/no)? yes
rm: remove toto/titi (yes/no)? y
rm: remove toto/tata (yes/no)?
(...)
Si vous trouvez fastidieux de devoir répondre oui à chaque fois, vous
pouvez utiliser en plus l'option -f
(comme force) de rm
. Cette option supplante
l'option -i
et efface irrémédiablement sans
demander confirmation. Faites donc très attention avec.
Comment effacer des fichiers qui comment par des caractères bizarres,
ou qui comportent des espaces dans leur nom ? La commande
rm
semble devenir subitement inefficace ! Essayons
d'abord avec un fichier avec des espaces :
brick ~ $ rm siècle de périclès.doc
rm: siècle: No such file or directory
rm: de: No such file or directory
rm: périclès.doc: No such file or directory
En fait, rm
croit que vous voulez effacer d'abord un
fichier appelé siècle
, puis un autre appelé
de
, etc. La solution est de mettre le nom du fichier
entre guillemets ("), et rm
l'efface sans problème :
brick ~ $ rm "siècle de périclès.doc" remove siècle de périclès.doc? y brick ~ $
Essayons maintenant avec un fichier commençant par un caractère bizarre, par exemple un tiret :
brick ~ $ rm -bla rm: illegal option -- b usage: rm [-f | -i] [-dPRrvW] file ... unlink file brick ~ $ rm "-bla" rm: illegal option -- b usage: rm [-f | -i] [-dPRrvW] file ... unlink file
Pas bien brillant... La commande rm
croit à cause du
tiret initial qu'il s'agit d'options. Or il n'y a pas d'option
-b
pour rm
. Solution : utiliser l'option
--
:
brick ~ $ rm -- -bla
remove -bla?
Une autre solution consiste à donner à rm
un chemin,
absolu ou relatif. Avec un chemin relatif, par exemple :
brick ~ $ rm ./-bla
remove -bla?
Concaténer des fichiers, c'est les placer bout à bout. On
utilise la commande cat
(comme concatenate) :
brick ~ $ cat fichier1 fichier2 > fichier3
Les fichiers 1 et 2 placés bout à bout et le résultat est mis dans un
fichier3
créé automatiquement. Le shell
refuse d'écraser un fichier existant.
Dans fichier3
apparaît d'abord fichier1
puis
fichier2
. Concaténer deux fichiers de la sorte ne les
détruit pas (il existe à la fois fichier1
,
fichier2
et fichier3
).
On peut aussi placer deux fichiers bout à bout sans créer de troisième fichier. La syntaxe est alors la suivante :
brick ~ $ cat fichier2 >> fichier1
fichier2
est placé « au bout » de fichier1
.
fichier2
reste inchangé, fichier1
contient
désormais son propre texte suivi du texte de fichier2
.
On veut renommer le fichier chrono
du sous-répertoire
ancienne/
en evolution
, et le mettre dans le
répertoire histoire/
. Dans cet exemple, nous sommes dans
histoire/ancienne/
:
(1) État de départ : |
(2) |
(3) |
(4) |
On peut aussi faire plus rapidement :
mv chrono evolution mv evolution ..
Ou, en une seule ligne de commande :
mv chrono ../evolution
La même série d'opérations est possible depuis histoire/
; elle se
fera avec la suite de commandes suivantes :
cp ancienne/chrono evolution rm ancienne/chrono |
On recopie le fichier chrono du sous-répertoire
ancienne/ en un second fichier evolution placé dans
le répertoire courant : on se retrouve directement dans l'état 3.
Ensuite, on efface le fichier chrono qui est toujours dans le
répertoire ancienne/ . |
mv ancienne/chrono .. mv chrono evolution |
D'abord on déplace le fichier, ensuite on le renomme. |
mv ancienne/chrono evolution |
En une seule ligne, on déplace le fichier et on le renomme. |
Il y a donc rarement une seule façon de manipuler ses fichiers, c'est une question d'aisance et de rapidité.